« influer », définition dans le dictionnaire Littré

influer

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

influer

(in-flu-é)
  • 1 V. n. Couler dans, en parlant d'un fluide inconnu que l'ancienne physique supposait provenir du ciel et des astres, et agir sur les hommes et sur les choses. Quand vous avez la fièvre, le soleil et la lune influent-ils sur vos jours critiques ? Voltaire, Dict. phil. Influence.

    Fig. Jamais homme n'a été Dieu comme lui [Jésus], ni n'a eu sur tous les esprits cette autorité naturelle qui fait que, sans s'efforcer, sans se guinder pour ainsi dire, elle y influe si doucement et si intimement, qu'on lui cède sans violence, Bossuet, Méd. sur l'Év. la Cène, 86e jour.

  • 2 Fig. Exercer une action comparée à celle qu'exercent les astres. L'éducation influe sur toute la vie. Cet homme a beaucoup influé sur la résolution de son ami. Le bon goût dont nous parlons ici, qui est celui de la littérature, ne se borne pas à ce qu'on appelle la science, il influe comme imperceptiblement sur les autres arts, tels que sont l'architecture, la peinture, la sculpture, la musique, Rollin, Traité des Ét. t. 1, Disc. prél. p. LXXXVIII, dans POUGENS. Trois choses influent sans cesse sur l'esprit des hommes : le climat, le gouvernement et la religion, Voltaire, Mœurs, 197. Vos suffrages serviront beaucoup à déterminer celui du public, et le public influera sur le conseil du roi, Voltaire, Lett. Mme du Deffant, 24 sept. 1766. On voit aussi, par les rapports de ces quatre animaux avec le chien et la louve dont ils étaient issus, que le père influe plus que la mère sur les mâles, et la mère plus que le père sur les femelles, Buffon, Quadrup. t. XII, p. 262. Supposons le monde en paix, et voyons de plus près combien la puissance de l'homme pourrait influer sur celle de la nature, Buffon, 7e époq. nat. Œuv. t. XII, p. 343.
  • 3 V. a. Faire couler dans, faire pénétrer dans, en parlant de choses spirituelles, morales… Du soin que la nature a d'y influer [dans nos membres] les esprits et de les faire croître et durer, Pascal, Relig. chrét. 45, édit. FAUGÈRE. Si le pied avait toujours ignoré qu'il appartînt au corps… quel regret, quelle confusion de sa vie passée, d'avoir été inutile au corps qui lui a influé sa vie ! Pascal, Pens. art. XXIV, 60, éd. HAVET. Dieu est lui-même, par son essence, le bien essentiel qui influe le bien dans tout ce qu'il fait, Bossuet, Libre arb. 2.

HISTORIQUE

XIVe s. Mais souffit que le soleil pere [paraisse], Inspirant son esprit prospere, Et que force et vertu influe, l'Alch. à nat. 769.

XVe s. Se cest homme n'avoit ferme vertu et plus grant que nature ne l'influe communement ès hommes, Christine de Pisan, Charles V, III, 21.

XVIe s. Toute difference des tumeurs provient de la nature de la matiere qui influe et fait la tumeur, Paré, V, 3. Quasi avec le lait, les mœurs et vices de la nourrice influent dans les enfants, Paré, XVIII, 24.

ÉTYMOLOGIE

Lat. influere, de in… 2, et fluere, couler (voy. FLUIDE).