« larder », définition dans le dictionnaire Littré

larder

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

larder

(lar-dé) v. a.
  • 1Mettre des lardons dans la viande.

    Absolument. Un rôtisseur qui larde bien.

  • 2 Familièrement. Larder quelqu'un de coups d'épée, le percer de plusieurs coups d'épée.

    Larder un cheval, lui donner si fort et si souvent de l'éperon que les plaies y paraissent.

    Fig. Larder quelqu'un d'épigrammes, de brocards, etc. lui lancer coup sur coup plusieurs épigrammes, plusieurs brocards. Animez les frères, continuez à larder de bons mots les sots et les fripons, Voltaire, Lett. d'Alemb. 13 déc. 1763.

  • 3 Fig. Larder ses discours, ses écrits de citations, de mots grecs ou latins, etc. faire, en parlant, en écrivant, un usage trop fréquent de citations, de mots grecs ou latins.
  • 4 Terme de marine. Passer, sur les deux faces d'une voile ou d'une sangle, des bouts de fil dont on détord les extrémités pour les mettre en étoupes.

    Passer une aiguille entre les torons d'une ralingue pour la réunir à sa voile.

  • 5Se dit dans les manufactures de soieries, lorsque la navette, au lieu de passer franchement dans la levée du pas, passe à travers quelques portions de la chaîne levée ou baissée.
  • 6 Terme militaire. Larder un saucisson, un gabion, l'unir à d'autres par des piquets.
  • 7 Terme de jeux. Larder une carte, l'insérer furtivement et frauduleusement dans un jeu.
  • 8Piquer çà et là une multitude de clous dans une pièce de bois, afin de faire tenir le plâtre qu'on y applique.

HISTORIQUE

XIIIe s. Dist celle qui n'est pas musarde : Dieux, fait-elle, come il me larde De biau parler ! Lande doree. Il ne s'en peüst pas garder, S'en le deüst [quand même on devrait] tout vif larder, la Rose, 12506. Prince, prelat, baron, por Dieu prenez ci garde ; France est si grasse terre, n'estuet pas qu'on la larde ; Or la vuet cil laissier [se croiser] qui la maintient et garde, Por l'amor de celui qui tout a en sa garde, Rutebeuf, 137.

XIVe s. Les lardés [dans un cerf] c'est ce qui est entre les costés et l'eschine, Ménagier, II, 5.

XVe s. Nous laironsnous en ceste maniere larder et occire laschement ? Bouciq. I, 24. Il faut blandir, il faut larder [flatter] Ceux qui ont le gouvernement, Deschamps, Poésies mss. f° 293. Quand nous eusmes bien coppié [raillé] Et bien lardé et devisé, Coquillart, Monol. du puits. Il les fit tuer, et bien en haste plumer, larder et mettre en broche, Louis XI, Nouv. XCIX.

XVIe s. Le prince de Condé à six pas de là estoit porté par terre, son cheval lardé d'un tronçon de lance, D'Aubigné, Hist. I, 216. C'estoit l'un de ceux qui l'avoient si bien lardé [brocardé] à sa venue, Despériers, Contes, XX.

ÉTYMOLOGIE

Lard ; provenç. et espagn. lardar ; portug. lardear ; ital. lardare.