« lard », définition dans le dictionnaire Littré

lard

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

lard

(lar ; le d ne se prononce et ne se lie jamais : du lar excellent ; au pluriel, l's ne se lie pas : des lar escellents ; cependant quelques-uns la lient : des lar-z excellents) s. m.
  • 1Graisse ferme qui est au-dessous du cuir du porc. Les lards de différents cochons. Cent pourceaux choisis, dont les pires Avaient quatre grands doigts de lard, Scarron, Virg. I.

    Populairement. Faire du lard, s'engraisser.

    Être gras à lard, être très gras.

  • 2Pièce de lard de cochon préparée pour l'alimentation. Les hommes au rang desquels vous [Grillus] ne voulez pas être, mangeront votre lard, vos boudins et vos jambons, Fénelon, t. XIX, p. 142.

    On dit d'un avare, qu'il est vilain comme lard jaune, c'est-à-dire lard jauni par la conservation avare.

    Gros lard, celui qui ne contient aucune partie charnue. Petit lard ou lard maigre, morceau composé de couches alternées de graisse et de chair.

    Fig. Avoir mangé le lard, être coupable, fautif ; locution qui provient peut-être de l'accusation portée contre ceux qui avaient mangé le lard, fait gras un jour maigre.

    Fig. Nous allons voir qui mangera le lard, nous allons voir qui gagnera la partie et qui aura l'enjeu.

  • 3Bande de lard de cochon. Et, sans dire un seul mot, j'avalais au hasard Quelque aile de poulet dont j'arrachais le lard, Boileau, Sat. III.

    Lardon. Omelette au lard. Salade au lard.

  • 4Il se dit de cette partie grasse qui est entre la peau et la chair de la baleine, du marsouin, etc. Du lard de baleine.
  • 5 Terme de métier. Ce qui est entre l'écorce et le vif de l'arbre ; c'est ce qu'on appelle proprement aubier.
  • 6Pierre de lard, stéatite.

    PROVERBE

    Là où vous pensez qu'il y ait du lard, il n'y a pas seulement de cheville, c'est-à-dire vous pensez que telle personne est riche, et elle manque des choses nécessaires ; locution tirée de l'habitude des bouchers et des charcutiers de suspendre les pièces de viande à une cheville.

HISTORIQUE

XIIIe s. Por tel afere com ge di, Biau sire, avoie dès mardi Mon lart et mes pois aünez [réunis], Dont ge me sui desjeünez, Ren. 10233.

XIVe s. Et vendredi absolut [saint] sont vendus de deux mille à trois mille lars, Ménagier, II, 3.

XVIe s. Ils [les gens chargés de l'arrêter] vindrent à mon logement ; Lors ce va dire un gros paillard : Par la morbieu, voylà Clement ; Prenez-le, il a mangé le lard, Marot, II, 243. Il est peu de charniers où les chairs de pourceau, mesme les lards, ne s'enrancissent et enjaunissent, De Serres, 836. Qui a mangé le lard, ronge l'os, Cotgrave J'ai ouy dire qu'on lui faisoit tort, et qu'on lui faisoit accroire qu'il avoit mangé le lard, pour jouir de son revenu [on lui imputait une fausse accusation pour s'emparer de son revenu], Brantôme, Charles-Quint.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. lart, lar ; catal. llard ; esp. et ital. lardo ; du lat. lardum, laridum. À laridum dont le suffixe indique un adjectif, comparez λαρινὸς, gras.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

LARD.
3Ajoutez :

Lard en planches, lard coupé en longues bandes. 200 000 kilos lard en planches, Journ. offic. 4 fév. 1872, p. 828, 1re col.