« loupe », définition dans le dictionnaire Littré

loupe

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

loupe

(lou-p') s. f.
  • 1 Terme de médecine. Tumeur indolente, enkystée, qui vient sous la peau et contient une matière pultacée. La princesse de Conti ne s'habillait pas encore, d'une loupe qu'elle s'était fait ôter de dessus un œil, Saint-Simon, 41, 234.
  • 2 Terme de menuiserie. Excroissances, nœuds et racines des différents bois. Les loupes d'ormes servent à faire de jolis ouvrages de tabletterie.
  • 3Tumeur qui est naturelle à quelques animaux. Le chameau naît avec des loupes sur le dos.
  • 4Extravasation de matière nacrée à l'intérieur de la coquille des huîtres perlières. Les loupes de perles sont des tumeurs dans les nacres, qui demandent beaucoup d'adresse pour les scier proprement.

    Terme de joaillerie. Pierre précieuse que la nature n'a pas achevée.

    Loupe de saphir, loupe de rubis, certaines parties imparfaites et grossières qui se trouvent quelquefois dans ces pierres.

  • 5Nom donné vulgairement à la lentille biconvexe, qui grossit beaucoup les objets à la vue. La loupe constitue le microscope simple.

    Loupes d'eau, nom qu'on donnait à des lentilles de verre très grandes, et dont l'épaisseur était remplie d'eau distillée, Dict. des arts et mét. Miroitier. Ces loupes composées de deux glaces sphériques courbées et remplies d'eau, brûleront en bas, et produiront de plus grands effets que les loupes de verre massif, parce que l'eau laisse passer plus aisément la lumière que le verre le plus transparent, Buffon, Hist. min. Introd. part. exp. Œuv. t. VII, p. 275.

    Fig. et populairement. Se dit d'un ouvrier paresseux, par allusion à celui qui travaille à la loupe, et qui par conséquent ne va pas très vite. Quelle loupe !

  • 6 Terme de métallurgie. Fer affiné, mais encore mélangé avec des scories, et qu'on va passer au marteau, ou sous les cylindres cingleurs. L'ouvrier perce et pétrit avec des ringards cette loupe à demi liquéfiée, qui, par ce travail, s'épure et laisse couler par le fond du foyer une partie de la matière hétérogène que le feu du fourneau de fusion n'avait pu séparer, Buffon, Min. t. IV, p. 23.
  • 7 Terme de monnaie. Nom donné aux briques et aux carreaux des vieux fourneaux, qui ont servi à la fonte de l'or et de l'argent, et qu'on casse, pour en tirer, avec le moulin aux lavures, les particules de métal qui peuvent s'y être attachées.
  • 8Caisse en bois qui sert aux peintres de décor pour s'asseoir ou s'élever.

HISTORIQUE

XIVe s. Une loupe de saphir encerclée en or, De Laborde, Émaux, p. 369.

XVe s. Le suppliant feri un coup d'un goy, de quoy l'en arrache les buissons, de la louppe qui est devers le dos d'icellui goy, sur le front du dit Jehan, Du Cange, loppa.

XVIe s. Amputer les excroissances, comme loupes, verrues, etc. Paré, Introd. 2. Une mittre episcopale, toute semée de perles, garnie de grosses louppes de saphirs et autres meschantes pierres, De Laborde, Ém. p. 369.

ÉTYMOLOGIE

Berry, loube ; espagn. lupia et lobanillo ; Coïre, luppe ; du lat. lupa, louve, cette tumeur ayant été nommée louve, comme un ulcère a été nommé loup ; cette étymologie est de Diez qui allègue l'allemand Wolfgeschwulst, tumeur de loup, qui signifie une loupe. Par assimilation de rondeur, le nom de loupe serait passé au verre grossissant et à la masse métallique.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

LOUPE. - HIST. XIVe s. Ajoutez : Dou quel demorant [du cuivre d'une cloche] fu rabatu par le mestre Willaume le fondeur, pour l'ordure et le loupe qui estoit ou metal qui fu fondus, (1358), la Cloche des ouvriers (communiqué par M. Cafiaux)