« manant », définition dans le dictionnaire Littré
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manant
- 1 Terme d'ancienne pratique. Habitant d'un bourg ou d'un village. Les manants et habitants de telle paroisse.
L'orgueil du plus puissant potentat ne peut arracher à la religion d'autre prière que celle qu'elle offre pour le dernier manant de la cité
, Chateaubriand, Génie, IV, I, 12.Terme d'ancien droit féodal, synonyme de vilains, roturiers, hommes de poesté, sujets de la justice féodale, à raison de ce qu'ils étaient levants et couchants dans le ressort de la juridiction justicière ; manants qui, comme les vilains, ont pris le sens péjoratif de grossier, rustre.
- 2 Absolument, dans le langage ordinaire, mais archaïque, un paysan.
Et, comme l'on fait maintenant, Battaient quelquefois le manant
, Scarron, Virg. VII.Ésope conte qu'un manant, Charitable autant que peu sage, Un jour d'hiver se promenant à l'entour de son héritage, Aperçut un serpent sur la neige étendu
, La Fontaine, Fabl. VI, 13.Un amateur de jardinage Demi bourgeois, demi manant
, La Fontaine, ib. IV, 4.Le roi fit venir le soldat : Est-il vrai, dit-il d'un visage sévère, que vous avez volé cet homme ? Sire, dit le soldat, je ne lui ai pas fait tant de mal que Votre Majesté en a fait à son maître : vous lui avez ôté un royaume, et je n'ai pris à ce manant qu'un dindon
, Voltaire, Charles XII, 3. - 3Aujourd'hui, par extension, homme grossier, mal élevé. C'est un manant, qui ne sait pas vivre.
Marton a pour amant mon cocher, qui est une espèce de manant qui n'entend pas trop raison
, Le Grand, Galant coureur, SC. 5.
HISTORIQUE
XIIe s. Gentil fu de parage et d'avoir fu manans
, Rou, ms. p. 21, dans LACURNE. Fuient poure, fuient manant, Fuient bourgeois et païsant
, Brut. ms. f° 103, dans LACURNE. E out truved al rei vitaille tant cum il out demured en l'ost, kar mult esteit riches e mananz
, Rois, p. 195.
XVe s. Et trouva on bien en ladite ville de Saint-Lo manans huit mille ou neuf mille que bourgeois, que gens de metier
, Froissart, I, I, 270. En mains perils [je] fu mainte fois manans ; Folie amay, je fis tous ses commans
, Deschamps, Erreurs de la jeunesse. En peu de temps il y eut une moult belle cité et noble ; car il n'y eut gentilhomme en Bretaigne qui ne se feist manant et citoyen d'icelle
, Perceforest, t. I, f° 22.
ÉTYMOLOGIE
Bourguig. mainan ; provenç. manent, riche ; espagn. manente ; du lat. manentem, demeurant (voy. MANOIR). Manant a signifié celui qui demeure ; de là il avait pris le sens de domicilié, aisé, riche. Ce sens, il l'a perdu ; puis, par un mouvement inverse, manant, qui avait le sens d'habitant de la campagne, de vilain, a pris celui d'homme grossier.