« palais.2 », définition dans le dictionnaire Littré

palais

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palais [2]

(pa-lê ; l's se lie : le pa-lê-z enflammé) s. m.
  • 1Partie supérieure de la cavité de la bouche, voûte parabolique formée par les deux os susmaxillaires et les deux palatins, et revêtue d'une membrane muqueuse épaisse et dense. Certes on vit un triste jeu, Quand à Paris dame Justice Se mit le palais tout en feu Pour avoir mangé trop d'épice, Saint-Amand, dans RICHELET. (par un jeu de mot entre le palais de la bouche et le palais de justice incendié sous Louis XIII). Son esprit ressemblait à ces palais sains et vigoureux qui expriment avec force et goûtent avec plaisir le suc des viandes pleines de substance, mais qui ne savent ni distinguer ni apprécier des aliments plus délicats, D'Alembert, Éloges, d'Olivet. Que nos langues séchées à nos palais brûlants demeurent attachées ! Delille, Pitié, IV.

    Il est de fête au palais, se dit des jours de jeûne, par une méchante allusion du palais de la bouche au palais de justice.

    Il se dit aussi en parlant des animaux. Cette herbe blesse le palais des bestiaux. Un ragoût de palais de mouton.

  • 2 Fig. Sens du goût. Il a surtout un palais sûr, qui ne prend point le change, et il ne s'est jamais vu exposé à l'horrible inconvénient de manger un mauvais ragoût ou de boire d'un vin médiocre, La Bruyère, XI. Tout est amer à un palais malade, Massillon, Carême, Salut.
  • 3 Terme de botanique. Renflement externe de la gorge des corolles personnées, qui en ferme l'entrée et réunit les deux lèvres ; et, plus généralement, partie supérieure du fond des corolles monopétales irrégulières.

    Terme de zoologie. Avancement arrondi dans la bouche des larves des libellules et des insectes parfaits.

    Partie inférieure de la mandibule supérieure des oiseaux.

  • 4Palais de lièvre, le laiteron.

    Palais de bœuf ou chagriné, coquille univalve, espèce de nérite.

HISTORIQUE

XIIIe s. Ta vie soit de petit mangier, et tes palais soit esmeus par fain, non mie par savor, Latini, Trésor, p. 382.

XIVe s. L'uvule depent et est en la fin du palat, sur les pertuis des deux voies, H. de Mondeville, f° 18, verso.

XVIe s. Pour estre bon beuveur il ne fault le palais si tendre, Montaigne, II, 15.

ÉTYMOLOGIE

Lat. palatum. Le provenç. paladel, le catal. espagn. et portug. paladar viennent de formes dérivées de palatum. Diez ne veut pas que palais vienne de palatum ; et en effet palais suppose palatium, non palatum ; et de là il essaye de prouver que palais, édifice, a pris le sens de voûte, puis de voûte de la bouche ou palais. Palatum aurait dû donner palé ; palat du XIVe siècle paraît être une forme savante et non vulgaire. Mais palé, et surtout palés au nominatif a pu se confondre avec palais, très connu, bien plus facilement que palais, édifice, n'a pu passer au sens de voûte et de voûte de la bouche.