« patriote », définition dans le dictionnaire Littré

patriote

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

patriote

(pa-tri-o-t') s. m. et f.
  • 1Celui qui est du même pays, compatriote (c'est le sens ancien, aujourd'hui inusité). Le Breton [Hume], homme actif, liant, intrigant, au milieu de son pays, de ses amis, de ses parents, de ses patrons, de ses patriotes, Rousseau, Lett. à Guy, 2 août 1766.
  • 2Aujourd'hui, celui, celle qui aime sa patrie, qui cherche à la servir. Patriote comme il l'était [Vauban], il avait toute sa vie été touché de la misère du peuple et de toutes les vexations qu'il souffrait, Saint-Simon, 171, 27. Il est triste que souvent, pour être bon patriote, on soit l'ennemi du reste des hommes, Voltaire, Dict. phil. Patrie, 3. J'avais lu l'excellent ouvrage dont vous me parlez, et toute ma peine était d'ignorer le nom de l'estimable patriote que je devais remercier, Voltaire, Lett. Boncerf, 8 mars 1776. Tout patriote est dur aux étrangers : ils ne sont qu'hommes, ils ne sont rien à ses yeux, Rousseau, Ém. I. Vauban… ce véritable grand homme pour qui le duc de Saint-Simon, cet âpre censeur, inventa et à si juste titre le mot de patriote, Raudot, Mes oisivetés, p. 1, Paris, 1863.

    Patriote de 89, s'est dit des Français qui, dès l'origine de la Révolution, avaient embrassé la cause de la liberté.

    Bataillon de patriotes de 89, un des premiers bataillons que la population parisienne envoya aux frontières en 1792.

    Nom donné aux soldats de la République dans les guerres de la Vendée.

    Adj. Turgot fut un ministre patriote.

REMARQUE

1. Ce mot n'a signifié d'abord (voy. l'historique) que homme d'une localité, compatriote ; on a dit qu'en son acception de celui qui aime sa patrie, il venait d'Angleterre, et que Saint-Simon était un des premiers qui en aient usé en ce sens ; mais dès le XVIe siècle cette acception apparaît.

2. L'Académie ne le donne pour la première fois que dans son édition de 1762.

HISTORIQUE

XVe s. Leurs citoyens et patriotes, J. Chartier, Hist. de Charles VII, p. 172, dans LACURNE. Traitons et consentons avec les susdits bourgmaistres, advoyers, conseils, citoyens, communautez et patriotes des citez, villes, terres et cantons de la vieille ligue de la haute Allemagne, Commines, t. III, p. 213, dans LACURNE.

XVIe s. Combien que M. le Cardinal et ses freres [les Guises] soyent nés en France, et les premiers François de leur race, toutefois, comme il faut du temps beaucoup à depouiller le [sic] sauvagine des meurs et des naturels du pays paternel, l'on ne tient pas ceste premiere portée et generation pour naturelle et legitime, comme les vrais et anciens patriottes qui seroyent de quatre à cinq races, Régnier de la Planche, Livre des marchands, Discours du drapier. Ils dresserent une carolle ; parmi laquelle les Suisses s'aborderent ; car ils sont comme patriotes des ours, d'autant qu'il s'en trouve en leurs montagnes, Carloix, III, 9. Qu'ils estoient patriotes, tous du Parmesan, Carloix, III, 20. Il mourut en bon et vray patriote, zelateur de la manutention des statuts de la cité, Carloix, VI, 6. Le present œuvre servira à tous bons patriotes à estre deputez pour le tiers estat comme celui qui porte le fais de ceste pesante et esmerveillable somme de deniers qu'on a tiré et exigé de lui, Fromenteau, Secret des finances, Argument. Ceux qui, sans espargner leurs corps et biens, n'estudient à autre chose qu'à conserver le royaume en la religion patriotte, Condé, Mémoires, p. 635. Ennemy de l'authorité, de la justice, du repos et de la reputation de Sa Majesté, perturbateur du bien public, amateur du sang de ses patriots, le Pacifique ou l'anti-soldat, p. 5.

ÉTYMOLOGIE

Πατριώτης, compatriote, de πατριά (voy. PATRIE).