« plaid », définition dans le dictionnaire Littré

plaid

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plaid [1]

(plè ; le d ne se prononce pas et ne se lie pas) s. m.
  • 1 Terme de féodalité. Se dit des assemblées dans lesquelles se jugeaient les procès, sous les rois des deux premières races. Les comtes assemblaient, pour juger les affaires, des espèces de plaids ou d'assises, Montesquieu, Esp. XXX, 28.

    Plaids généraux ou grands plaids, assises des officiers de justice.

    Cour des plaids communs (common pleas), une des quatre principales cours de justice d'Angleterre ; elle juge les différends civils entre parties.

  • 2Audience d'un tribunal. Tenir les plaids. Tous les jours, le premier aux plaids et le dernier, Racine, Plaid. I, 1.

    Fig. Les Rohan faisaient des visites dans Versailles, tenaient les plaids chez la maréchale de la Mothe, Saint-Simon, 166, 215.

    Les plaids tenants, c'est-à-dire à l'audience.

    Les plaids sont ouverts, l'audience est ouverte.

    Fig. Être sage au retour des plaids, perdre l'envie de plaider après avoir eu des procès.

  • 3 Par extension, plaidoyer. Celui devant qui se faisait le plaid, nommait un d'entre eux qui poursuivait la querelle, Montesquieu, Esp. XXVIII, 24.

    PROVERBE

    Peu de chose, peu de plaid, c'est-à-dire pour expliquer une affaire de peu de conséquence, il ne faut pas de longs discours ; ou bien la chose dont on parle ne vaut pas la peine d'être contestée.

    Ce mot a vieilli, excepté dans le sens historique et appliqué aux assemblées et aux juridictions du moyen âge.

HISTORIQUE

IXe s. Et ab Ludher nul plaid nunquam prindrai [je ne prendrai jamais querelle avec Lothaire], Serment.

XIe s. Al plait ad Ais en fut juget à pendre, Ch. de Rol. CVIII. Dès or comence li plait de Guenelon, ib. CCLXIX.

XIIe s. Ne peuvent une hore avoir pez ; Toute jour sont, dient, az plez, Plais de forez, plais de monnoies, Plais de porprise, plaiz de voies, E plaiz de blet, e plaiz de moutes…, Rou, dans DU CANGE, placitum. Al jor du jugement, quant Dex tiendra ses plais, Sax. X. Li bachelers ne tint plait [ne tint compte] de ses paroles, mais à force fist de la pulcele sa volented, Rois, p. 164.

XIIIe s. Une feme avoit fet son plet à deus ribaus, qu'il tueroient son baron [mari], Beaumanoir, LXIX, 16.

XVe s. Après advint que le roy Philippe print ledit messire Robert en fort grant haine, pour l'occasion d'un plaid qui estoit esmeu par devant luy, dont estoit cause la comté d'Artois, Froissart, I, I, 54.

XVIe s. En cent livres de plaid n'y a pas une maille d'amour, Cotgrave

ÉTYMOLOGIE

Prov. plag, plach, placht, plai, plait, plat ; anc. catal. pleit ; esp. pleito ; portug. pleito et preito ; ital. piato ; du bas-lat. placitum, assemblée publique, ainsi dite parce que les édits qui la convoquaient portaient quia tale est nostrum placitum, car tel est notre plaisir ; de placere (voy. PLAIRE).