« pleige », définition dans le dictionnaire Littré
Définition dans d'autres dictionnaires :
pleige
- Ancien terme de jurisprudence. Celui qui sert de garant, de caution.
Ma tête sur ce point vous servira de pleige
, Corneille, Mél. II, 5.Quant au profit et bonheur qui vous en reviendra, je vous en réponds, et me rends pleige pour la bonne mère [la sainte Vierge]
, Pascal, Prov. IX.Joignons-nous ensemble, mes frères, et faisons quelque chose à la décharge de ce pleige innocent et charitable [Jésus se chargeant des péchés du monde]
, Bossuet, 1er sermon, Passion, préambule.Ils [les pythagoriciens] poussaient si loin la charité, que l'un d'eux condamné au supplice par Denis le tyran trouva un pleige qui prit sa place dans la prison
, Diderot, Opin. des anc. philos. (juifs).
HISTORIQUE
XIe s. Dist l'empereres : bons pleges [j'] en demande
, Ch. de Rol. CCLXXX.
XIIe s. Le jugement li unt fait ainsi graanter [accorder], E de ces treis cens livres pleges al rei trover
, Th. le mart. 32.
XIIIe s. Dame, prometés la voie [le pèlerinage] à Monseigneur St Nicolas de Warangeville, et je vous sui plege pour li que Dieu vous remenra [ramènera] en France
, Joinville, 284.
XVIe s. De foi, fi ; de plege, plaid ; de gage, reconfort ; d'argent comptant, paix et accord
, Loysel, 670.
ÉTYMOLOGIE
Prov. pleiu ; vénet. plezo ; sicil. preggiu ; bas-lat. plegius, plegium, plivium, pluvium. Origine incertaine. Saumaise et après lui Ménage le tirent du latin praes, praedis, caution, pleige. Mais Diez objecte que l'u du provençal et le v du bas-latin exigent un mot ayant au radical b ou v, comme dans le provençal beu, de bibit, deu, de debet, escriu, de scribit, etc. Il y a dans le bas-latin pleblum qui signifie district, autorité, et qui vient de plebs ; mais, si la forme convient, le sens ne convient pas. Diez a proposé une autre conjecture : il pense que plevir (d'où pleige) représente le latin praebere, donner, fournir, justifiant le changement de r en l par temple, de tempora, Planchais, de Prancatius pour Pancratius. De praebere il forme un substantif praebium, gage, ôtage. Cette étymologie est ingénieuse ; mais il lui manque des intermédiaires de forme et de sens pour devenir certaine. Il semble que, provisoirement, praes ne peut être ni écarté à cause de son sens précis, ni admis à cause de la difficulté grammaticale.