« prêt.2 », définition dans le dictionnaire Littré

prêt

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

prêt [2]

(prê ; le t ne se prononce pas et ne se lie pas ; au pluriel, l's se lie : des prê-z exigibles) s. m.
  • 1Action de prêter de l'argent ou quelque autre objet. Il y a deux sortes de prêt : celui des choses dont on peut user sans les détruire, et celui des choses qui se consomment par l'usage qu'on en fait ; la première s'appelle prêt à usage ou commodat ; la deuxième s'appelle prêt de consommation ou simplement prêt, Code Nap. art. 1874.

    Prêt gratuit, se dit par opposition à prêt à intérêt, lorsque le prêteur se contente de la restitution de la chose prêtée.

    Prêt à intérêt, prêt à condition que le débiteur en servira les intérêts. Nos législateurs, s'il est possible, raisonnent encore plus ma que les casuistes ; ils condamnent le prêt à intérêt, et ils le tolèrent ; ils le condamnent sans savoir pourquoi, et ils le tolèrent parce qu'ils y sont forcés, Condillac, Comm. gouv. I, 18.

    Prêt usuraire, prêt où l'intérêt stipulé a le caractère de l'usure.

    Prêt à la petite semaine, prêt usuraire où les intérêts se comptent et sont dus par semaines. Moncrif a publié quelques lettres sur des sujets intéressants de morale, en particulier sur cette usure si commune dans le bas peuple, et connue sous le nom de prêt à la petite semaine, D'Alembert, Éloges, Moncrif.

  • 2Somme d'argent prêtée. Un prêt considérable. Prêt sur gage. Les prêts que les marchands se faisaient les uns aux autres, Fénelon, Tél. XI.

    Maison de prêt, établissement autorisé dans lequel on prête de l'argent sur nantissement

  • 3Le prêt se dit dans les bibliothèques de l'action de prêter un livre que l'emprunteur emporte chez lui.

    Registre, livre de prêt, registre, livre sur lequel on inscrit, dans les bibliothèques publiques, les livres prêtés.

  • 4Anciennement, payement de solde que le roi faisait faire par avance aux soldats de dix en dix jours, plus ou moins, pour suppléer aux montres et pour les attendre.

    Aujourd'hui somme payée d'avance par l'État ; la partie de ces fonds qu'on doit remettre à chaque sous-officier ou soldat reste pendant cinq jours dans la caisse du corps, et dès lors elle leur est due quand ils la reçoivent ; jusque-là on a pris toutefois sur le prêt les sommes nécessaires à l'achat des vivres, etc. Legoarant

    Fig. et populairement. Recevoir son prêt, recevoir un mauvais coup, ou une semonce.

HISTORIQUE

XIIe s. Et je cuit que cist dui [deux] destrier Sont vostre ; or si vous prieroie …Que vos, ou à prest ou à don, Le quel que soit, me baillassiez, la Charrette, v. 280.

XIIIe s. Donques me convient il tenir au quel je quiderai que bon soit, ou à le [la] vente ou au prest, Beaumanoir, VI, 26.

XIVe s. Comme n'a gueres nostre bien amé Berthelemy Spiffame nous eust promis à faire certain prest du sien, à nostre grant besoing, et pour le fait de nos guerres, Ordonn. des rois de Fr. t. v, p. 319. Quatre cent com paingnons la semaine assembla, Et à cascun de prest [solde] quinze florins bailla, Baud. de Seb. VI, 544.

XVIe s. Cela fut retardé par les desbauches des esquipages, qu'en vain on pensa obliger par quelques petits prests par eux mesprisez, D'Aubigné, Hist. II, 296. Il commanda d'en distribuer ausdicts capitaines, par forme de prest, pour en accomoder leurs soldats, attendant les monstres, Carloix, VII, 1.

ÉTYMOLOGIE

Prêter ; provenç. prest ; ital. presto.