« prospère », définition dans le dictionnaire Littré

prospère

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prospère

(pro-spè-r') adj.
  • 1Qui secourt, favorise. Ô que nos fortunes prospères Ont un change bien apparent ! ô que du siècle de nos pères Le nôtre s'est fait différent ! Malherbe, II, 4. [Les Juifs] Pendant qu'ils n'adoraient que le Dieu de leurs pères, Ont vu bénir le cours de leurs destins prospères, Racine, Esth. III, 4. Il est vrai, vous avez toute chose prospère, Racine, Théb. V, 4. Prospère ne se dit presque plus en prose ; mais en vers il est toujours beau, et ce mot n'est pas le seul qui, à mesure qu'il vieillit pour la prose, n'en devient que plus poétique, D'Olivet, Rem. Rac. 12.

    Il se dit avec la préposition à. S'il révère les dieux, ils lui seront prospères, J. Desmarets, Visionnaires, I, 7. Que Tancrède est heureux ! que ce jour m'est prospère ! Voltaire, Tancr. III, 1.

  • 2Il se dit quelquefois simplement au sens d'heureux. Il est dans un état prospère. L'état prospère de ses affaires

HISTORIQUE

XIIe s. E tutes les coses que il unques ferad, serunt fait prospres, Psautier, dans Arch. des missions scientifiques, t. V, p. 144.

XIVe s. Bataille prospere, Bercheure, f° 86, verso.

XVIe s. Avec bon vent et prospere, Nuits de Straparole, t. II, p. 160, dans LACURNE.

ÉTYMOLOGIE

Lat. prosperus, de pro, en avant, et spero ou spiro, souffler : qui souffle en avant (d'après Ascoli, dans Zeitschrift fur vergleichende Sprachf. t. XVI, p. 211). Corssen (Aussprache, I, 480) s'explique de même pour le sens, un peu différemment pour la forme : pro et l'archaïque spere de spes, de sorte que prosper serait pour pro spere, comme proconsul pour pro consule ; la voyelle devenue brève, comme dans cognitus de nōtus. Ménage combat les puristes de son temps qui rejetaient prospère. Prospre est la forme française de prosperus, qui a l'accent sur pro ; prospère a été refait sur le latin dès le XIVe siècle.