« prospérer », définition dans le dictionnaire Littré

prospérer

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

prospérer

(pro-spé-ré. La syllabe pé prend un accent grave quand la syllabe qui suit est muette : je prospère, excepté au futur et au conditionnel : je prospérerai, je prospérerais) v. n.
  • 1Avoir la fortune favorable, en parlant des personnes. Prospérez, cher espoir d'une nation sainte, Racine, Esth. I, 2. Il fut tenté de croire que tout était gouverné par une destinée cruelle qui opprimait les bons et qui faisait prospérer les chevaliers verts, Voltaire, Zadig, 19. La faim mit au tombeau Malfilâtre ignoré ; S'il n'eût été qu'un sot, il aurait prospéré, Gilbert, Le dix-huitième siècle.
  • 2Il se dit des animaux, des plantes auxquels un climat, un temps est favorable. Il [le tétras] se plaît dans les pays froids, tandis que les coqs prospèrent beaucoup mieux dans les pays tempérés, Buffon, Ois. t. III, p. 277. Il est possible qu'on fasse prospérer [dans l'Amérique espagnole] les aromates, les épiceries de l'Asie, qui font annuellement sortir dix ou douze millions de la monarchie, Raynal, Hist. phil. VIII, 34.
  • 3Réussir, avoir un heureux succès, en parlant des choses. Quoi que promette la fortune, à la fin, quand on l'importune, Ce qu'elle avait fait prospérer Tombe du faîte au précipice, Malherbe, III, 1. Je reçois quelque consolation de voir qu'en un temps où nos affaires vont mal de tous côtés, elles prospèrent du vôtre, Voiture, Lett. 82. Tout semblait prospérer par sa présence [de la reine] ; les rebelles étaient consternés, Bossuet, Reine d'Anglet. Mais je veux que le sort, par un heureux caprice, Fasse de vos écrits prospérer la malice, Boileau, Sat. IX. Dieu tient le cœur des rois entre ses mains puissantes ; Il fait que tout prospère aux âmes innocentes, Racine, Esth. I, 1. Tout nous prospère, l'ordre et la paix règnent dans notre maison, Rousseau, Hél. IV, 15.

    Il se dit aussi ironiquement de quelque chose de mauvais. J'admire que le petit mal de M. de Grignan ait prospéré au point que vous le mandez, c'est-à-dire qu'il faut prendre garde en Provence au pli de la chaussette, Sévigné, 2 nov. 1673. Quel mal ont-ils [mes écrits] produit ? d'une affreuse morale Leur plume a-t-elle fait prospérer le scandale ? Gilbert, Apologie.

HISTORIQUE

XIVe s. Et li sembloit qu'il n'estoit pas chose seure à son pueple, que les Troiens creussent et prosperassent, Bercheure, f. 8.

XVIe s. Et tant prospere son territoire, que ilz ne peuvent de present avenger à boyre, Rabelais, Pant. Progn. Préf. Donques, roy, si tu veux que ton regne prospere, Il te faut craindre Dieu…, Ronsard, 874. Quand je considere mes affaires de loing et en gros, je trouve… qu'ils sont allez jusques à cette heure en prosperant, Montaigne, IV, 72. Nous prions le Createur qu'il vous vueille bienheurer, et prosperer vos bonnes et saintes entreprises, Villeroy, Mém. t. VI, p. 293, dans LACURNE.

ÉTYMOLOGIE

Lat. prosperare, de prosperus, prospère.