« rétif », définition dans le dictionnaire Littré

rétif

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

rétif, ive

(ré-tif, ti-v') adj.
  • 1Se dit d'un cheval ou autre bête de monture qui refuse d'obéir à celui qui le monte ou qui le conduit. Pour lui Phébus est sourd, et Pégase est rétif, Boileau, Art p. I.
  • 2 Fig. Difficile à conduire, à persuader. Il y a …des tempéraments ennemis de toute résistance, des naturels rétifs que la vérité fait cabrer, Molière, l'Av. I, 8. Vous êtes rétive aux remèdes, mais nous saurons vous soumettre à la raison, Molière, Méd. m. lui, II, 7. Un jeune homme… Est vain dans ses discours, volage en ses désirs, Rétif à la censure, et fou dans les plaisirs, Boileau, Art p. III. Je ne suis point rétif, point opiniâtre, point amoureux de ma statue ; quand je ne corrige pas, c'est que je ne trouve pas, Voltaire, Lett. d'Argental, 27 juill. 1763.

    Substantivement. Faire le rétif.

  • 3 Fig. Il se dit des choses qui n'obéissent pas. Il y a des enfants en qui la mémoire paresseuse et rétive refuse d'abord tout service, Rollin, Traité des Ét. I, 3. Il [Abel frappé] veut du moins tomber aux pieds de sa famille ; Mais ses genoux rétifs trompent sa volonté, Gilbert, Mort d'Abel, VIII.

HISTORIQUE

XIe s. Vos cumpagnuns [nous] feruns trestuz restifs [arrêtés, vaincus], Ch. de Rol. XCIII.

XIIIe s. Se un home achate une beste restive, et que le vendeur li dit : ceste beste est restive, et je por restive la vous vens…, Ass. de Jérus. I, 183.

XVIe s. Les Allemans, qui nous desdaignent, seroyent-ils restifs de [lents à] venir à une telle proye ? Lanoue, 23. On ne trouve point par escrit qu'ils ayent jamais fait les restifs de combatre, Lanoue, 421. Un cheval restif et poulsif, Montaigne, III, 46.

ÉTYMOLOGIE

Prov. restiu ; ital. restio ; du lat. restare, résister, de re, et stare, se tenir debout (voy. STABLE). On remarquera le sens de rétif dans la Chanson de Roland.