« refrogner », définition dans le dictionnaire Littré

refrogner

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

refrogner ou renfrogner

(re-fro-gné ou ran-fro-gné) v. a.
  • 1Contracter et plisser le visage en signe de mécontentement ou de douleur. Il se refrogna le visage. Puis renfrognant sa maigre et dolente effigie, Qui par le chambertin ne fut jamais rougie, Delille, Convers. II.
  • 2Se refrogner ou se renfrogner, v. réfl. Devenir refrogné. Miss Betzi trouve que je me renfrogne à vue d'œil, Mme Riccoboni, Fanni Buttler, Lettre 61.

HISTORIQUE

XVe s. Ce seigneur vint tout refrongné Vers l'hostesse par bon moyen, Et luy dit : mon cas va très bien, Villon, 2e rep.

XVIe s. Ces discours ont accoustumé d'esgayer et resjouir ceulx qui les traictent, non les renfrongner et contrister, Montaigne, I. 175. Alors il refroigna son front et s'attrista jusqu'aux larmes, Montaigne, II, 171. Un chancelier n'a pas seulement à servir à sa conscience… refrogner aux delits des courtisans, faire teste aux puissans principaux, resister à leurs fieres et felonnes actions, Du Verdier, Biblioth. p. 174, dans LACURNE. Un regard triste, morne et refrongné, Paré, Introd. 6.

ÉTYMOLOGIE

Re…, et l'ancien verbe frogner, qui signifiait froncer la bouche, le front : Le cheval, qui sentoit les chevaux des Anglois, commença à hennir et à frongnier et à frapper du pied en terre, Froissart, II, III, 124.Frongnier dérive de l'ancien adjectif frun : Li deables… Li frunz, li fel, li annuieux, Rutebeuf, t. II, p. 304. Il est probable que le même radical est dans l'italien ; in frigno, ridé ; patois lombard, frignare, pleurer, contracter la bouche ; génev. refrougné ; picard, erfrigné, racafrogné ; Diez rattache ce radical au germanique : all. fleunen, se tordre la bouche ; suéd. flina ; dan. fline. L'anglais to frown est le français frogner.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

REFROGNER. - HIST. Ajoutez : XIIIe s. Pour le deable desvoier, Daigne ta vierge renvoier ; Touz iert forsenez d'ire Li refrouignez, li ors camus, Gautier de Coinsy, les Miracles de la sainte Vierge, p. 132, éd. abbé Poquet.