« ribaud », définition dans le dictionnaire Littré

ribaud

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

ribaud, aude

(ri-bô, bô-d') adj.
  • 1Terme populaire et grossier. Impudique, luxurieux. Un homme ribaud, une femme ribaude.

    Substantivement. Le jeu n'est sûr avec cette ribaude, Boileau, Épigr. III. Ce gentil dieu qu'on appelle Mercure, Dieu des fripons, des ribleurs et ribauds, Chaulieu, Rép. à l'abbé Courtin, Œuv. t. I, p. 147.

  • 2Roi des ribauds, officier de la suite du roi dont l'emploi était de s'enquérir des crimes qui se commettaient dans cette suite et d'en faire justice ; il avait aussi juridiction sur les jeux et brelans et sur les femmes publiques.

    S. f. Ribaude s'est dit, à Paris, d'une pomme entourée de pâte et cuite au four.

HISTORIQUE

XIIe s. N'a en la route ne ribaud ne garçon, Garin, dans DU CANGE, ribaldi.

XIIIe s. Et li ribaut boutoient le fu partou et prendoient proie, Chr. de Rains, p. 134. Tiens soit li pooirs et li baus, Tu seras mès rois des ribaus, Ainsinc le vuet nostre chapitre, la Rose, 10974. Car voi bien ore apertement Par vostre parleüre baude, Que vous estes fole ribaude, ib. 7014. Mais ribaus ont les cuers si baus, Portant sacs de charbon en greve, Que la peine riens ne leur greve, Du Cange, ribaldi. Une feme avoit fet son plet à deus ribaus, qu'il tueroient son baron [mari], Beaumanoir, LXIX, 16.

XIVe s. Item a le prevost le jugement des cas advenus en l'ost ou chevauchée du roi, et le roy des ribaulx en a l'execution… Le roy des ribaulx a de son droit, à cause de son office, connoissance sur tous jeux de dez, de berlens et d'autres qui se font en ost et chevauchée du roy ; item sur tous les logis des bourdeaulx et des femmes bourdelieres, doit avoir deux sols la sepmaine, Du Cange, ribaldi.

XVe s. Ils pourront mettre à l'encontre d'eux, si ils veulent, pour combattre, dix ribaux ou varlets, Froissart, III, IV, 15. Et se trouverent jusques à cinq cens lances, chevaliers et escuiers, et bien quatre mille ribaux, Froissart, dans DU CANGE, ribaldi.

XVIe s. Et est une chose esmerveillable qu'avec le temps l'estat de ce roi des ribauds alla tellement au raval, que je le voy avoir esté pris pour executeur de la haute justice, Pasquier, Rech. VIII, p. 525.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. ribaut ; espagn. et ital. ribaldo, et aussi rubaldo. Mot d'origine incertaine. Quelques-uns le tirent du germanique bald, hardi, qui avait donné baud, dans l'ancien français, avec le préfixe germanique eri, qui signifie avant : le très hardi, le très baud. On remarquera que ceux qui ont écrit en vers latins dans le XIIe et le XIIIe siècle font ri long, rībaldi. Diez y voit un dérivé de l'anc. haut-allem. hrîpâ, moyen haut-allem. rîbe, prostituée. Scheler préfère l'allem. reiben, frotter, de sorte que ribaud répondrait au latin perfrictus, adroit, fourbe. L'ancienne langue avait plusieurs dérivés : ribaudaille, ribauder, ribaudie, ribeaudeau. L'étymologie de Diez paraît la plus probable, bien que ribaud n'ait pas toujours eu une acception défavorable et qu'il ait signifié, en certains moments, une sorte de soldats, et aussi portefaix.