« rognon », définition dans le dictionnaire Littré

rognon

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

rognon

(ro-gnon ; Ménage, Obs. 1re part. p. 444, écrit roignon, et dit qu'il se prononce comme éloigner, oignon) s. m.
  • 1Le rein d'un animal, surtout en parlant de ceux dont les reins sont bons à manger. Des rognons de mouton sautés à la poêle. Il [le bœuf] se couche ordinairement sur le côté gauche, et le rein ou rognon de ce côté gauche est toujours plus gros et plus chargé de graisse que le rognon du côté droit, Buffon, Quadrup. t. I, p. 199. Moi qui déjeune toujours avec des rognons à la brochette et des coquilles à la financière, Scribe, Historiettes et proverbes, le Tête-à-tête.

    Rognon de veau, se dit de toute la partie de la longe où se trouve le rognon.

  • 2 Populairement, il se dit des reins et de la région des reins, chez l'homme. Ô mes fidèles compagnons, Que j'aime plus que mes rognons, Scarron, Virg. V.

    Tenir, avoir, mettre la main, les mains, les poings sur les rognons, mettre la main sur les hanches, attitude que prennent souvent les gens qui se querellent. Ayant, ainsi qu'un pot, les mains sur les rognons, Régnier, Sat. VIII. Ses mains sèches sur le rognon, Scarron, Virg. VI.

  • 3Testicule, en parlant de certains animaux. Des rognons de coq.

    Rognon de coq, espèce de haricot, de prune et de raisin.

  • 4 Terme de minéralogie. Se dit de petites portions de roche irrégulièrement arrondies, englobées dans des couches de terre ou dans d'autres masses minérales. Les ardoises de nos montagnes renferment souvent des rognons solides beaucoup plus durs que les lits feuilletés dans lesquels ils ont été formés, Saussure, Voy. Alpes, t. IV, p. 114, dans POUGENS.

    Mine en rognons, celle qui se trouve en masses détachées, et non par couches ou par filons suivis.

  • 5Rognon des arbres, espèce de champignon.

HISTORIQUE

XIIe s. Jà de Gautier ne prendrai raençons, Tant que li mete le fer par les roignons, Raoul de C. 163.

XIIIe s. Levez vos sus, dame Hersent, Fetes li un petit de haste [broche] De deus roignons et d'une rate, Ren. 210.

XVe s. Va, luy dirent ses compaignons, Et esguise tout ton engin à nous rechauffer les rongnons, Villon, Franches rep.

XVIe s. Si les rongnons sont offensés, le malade a difficulté d'uriner et pisse du sang, Paré, VIII, 34. Demourant au monde sans estre du monde, comme le roignon couvert et fermé de gresse et n'en tient rien, Charron, Sagesse, II, 1.

ÉTYMOLOGIE

Berry, avoir les rognons couverts, être dans l'aisance, par comparaison avec l'état d'un animal de boucherie bien gras ; prov. renho, ronho, runho ; catal. rony ; espagn. riñon ; du lat. ren (voy. REIN), avec une finale augmentative et péjorative. La forme correcte est le provençal renho ; les autres ont altéré la voyelle.