« simagrée », définition dans le dictionnaire Littré
Définition dans d'autres dictionnaires :
simagrée
- Manières qu'on affecte pour duper ou faire illusion.
La reine de Suède est entrée à Rome avec beaucoup de simagrées à l'italienne
, Patin, Lett. t. II, p. 147.C'est être libertin [esprit fort] que d'avoir de bons yeux ; Et qui n'adore pas de vaines simagrées N'a ni respect ni foi pour les choses sacrées
, Molière, Tart. I, 6.Il [le duc d'Orléans] le manda [l'évêque de Troyes] : il arriva, il accepta sans simagrée [une place au conseil de régence]
, Saint-Simon, 422, 90.Dubois, pour être cardinal, avait fait recevoir la constitution Unigenitus et les formulaires et toutes les simagrées ultramontaines dont il se moquait
, Voltaire, Hist. Parl. LXIV.Je mourrai consolé en voyant la véritable religion, c'est-à-dire celle du cœur, établie sur la ruine des simagrées
, Voltaire, Lett. Villevieille, 20 déc. 1768.La simagrée du serment
, Rousseau, Gouv. de Pologne, ch. 8.C'était uniquement par aversion pour les simagrées qu'elle ne faisait point en public la dévote
, Rousseau, Conf. II.On a essayé sur moi toutes les simagrées magnétiques
, La Harpe, Corresp. t. IV, p. 273.
HISTORIQUE
XVIe s. Indifference entre les personnes de diverse qualité et condition, morguées et cimagrées [moquées], affoiblissement d'estat
, Sully, Mém. t. VII, p. 178. Ces nouveaux hostes gagnent le cœur du peuple par chimagrées et belles paroles
, Pasquier, Recherch. p. 287, dans POUGENS.
ÉTYMOLOGIE
Génev. simagrie ; wallon, simagraw, s. f. ; chimagrée, dans OUDIN, Curios. franç. Origine inconnue. Scheler demande si c'est une forme altérée de simulacrée, ou s'il vient de simius, singe. Frisch le fait venir de s'il m'agrée, nom, dit-il, d'un ancien jeu ; étymologie suivie à peu près par Brachet, Dictionn. étymologique, qui dit : « Corruption de l'ancienne formule si m'agrée (ainsi m'agrée), prévenance affectée, obséquiosité. » Pourrait-on utiliser le berrichon chimer, simer, simailler, pleurnicher ?