« sympathie », définition dans le dictionnaire Littré

sympathie

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

sympathie

(sin-pa-tie) s. f.
  • 1 Terme de physiologie. Rapport existant entre deux ou plusieurs organes plus ou moins éloignés les uns des autres, et qui fait que l'un d'eux participe aux sensations perçues ou aux actions exécutées par l'autre. Il y a sympathie entre les parties d'un même organe et entre les organes divers d'un même appareil.

    Terme de pathologie. Influence morbide qu'un organe malade exerce sur certains autres qui ne sont pas directement attaqués.

    Fig. Quand le chef souffre, tous les membres souffrent par sympathie, Bourdaloue, Myst. de la Pass. de J. C. t. I, p. 294.

  • 2Penchant instinctif qui attire deux personnes l'une vers l'autre. L'aveugle sympathie est ce qui fait agir [dans l'amour], Corneille, Agésil. II, 2. Il est des nœuds secrets, il est des sympathies, Dont par le doux rapport les âmes assorties S'attachent l'une à l'autre, Corneille, Rod. I, 7. Il y a des cœurs qui ont tant de sympathie sur certains sentiments, qu'ils sentent par eux ce que pensent les autres, Sévigné, 62. Que ceux qui nient la sympathie des âmes expliquent, s'ils peuvent, comment de la première entrevue, du premier mot, du premier regard, Mme de Warens m'inspira, non-seulement le plus vif attachement, mais une confiance parfaite, Rousseau, Confess. II. Le mot sympathie n'exprime qu'imparfaitement l'union intime de deux âmes qui n'en forment plus véritablement qu'une seule, Genlis, Mlle de la Fayette, p. 238. Elle croyait à la sympathie ; c'est la superstition de tous les cœurs sensibles, Genlis, Veill. du chât. t. II, p. 239, dans POUGENS.
  • 3 Terme de philosophie. La faculté que nous avons de participer aux peines et aux plaisirs des autres. La sympathie sert de contre-poids à l'égoïsme, Dict. de l'Acad.
  • 4Sorte de penchant supposé par les anciens entre différents corps ; aptitude à s'unir, à se pénétrer. Les sympathies entre certains animaux. Le mercure s'unit à l'or par sympathie. Une sympathie, une correspondance singulière n'était pour eux [les anciens] qu'un phénomène ; et c'est pour nous un paradoxe, dès que nous ne pouvons le rapporter à nos prétendues lois du mouvement, Buffon, Hist. nat. hom. Œuvr. t. IV, p. 234.

    Poudre de sympathie, poudre préparée avec du vitriol calciné au soleil, que l'on jetait sur le sang sorti d'une blessure, et que l'on prétendait guérir la personne blessée, quoiqu'elle fût éloignée. Le baume tranquille no faisait plus rien ; c'est ce qui m'a fait courir avec transport à votre poudre de sympathie, qui est un remède tout divin ; ma plaie a changé de figure, elle est quasi sèche et guérie, Sévigné, 28 janv. 1685. Je crois que la poudre de sympathie n'est point faite pour de vieux maux : elle n'a guéri que la moins fâcheuse de mes petites plaies ; j'y mets présentement de l'onguent noir, qui est admirable, Sévigné, 7 févr. 1685.

    Encre de sympathie ou encre sympathique, encre sans couleur qui noircit lorsqu'on la soumet à un certain agent. La première est écrite avec de l'encre ordinaire, et paraissait seule à la vue ; la seconde est écrite avec de l'encre de sympathie, Corresp. du gén. Klinglin, I, 386.

  • 5Rapport, convenance que certaines choses ont entre elles. Il y a une sympathie naturelle entre certains sons et les émotions de notre âme.

    Terme de peinture. Propriété qu'ont certaines couleurs de plaire et de se faire mutuellement valoir, rapprochées ou mêlées ensemble.

HISTORIQUE

XVIe s. Et, à fin qu'on ne se moque de cette sympathie que j'ay avecques elles [pour les bestes], Montaigne, II, 132.

ÉTYMOLOGIE

Συμπάθεια, de σὺν, avec, et πάθος, affection, passion.