« tante », définition dans le dictionnaire Littré
Définition dans d'autres dictionnaires :
tante
- 1La sœur du père ou de la mère.
Éraste : Et monsieur votre oncle ? - Pourceaugnac : Je n'ai point d'oncle. - Vous en aviez pourtant en ce temps-là… - Non : rien qu'une tante. - C'est ce que je voulais dire, madame votre tante ; comment se porte-t-elle ?
Molière, Pourc. I, 6.Je ne m'arrêterai point à Dijon : je ne pourrai refuser quelques jours en passant à quelque vieille tante que je n'aime guère
, Sévigné, 154. - 2La femme de l'oncle.
- 3Grand'tante, la sœur de l'aïeul ou de l'aïeule. Deux grand'tantes.
- 4Tante à la mode de Bretagne, la cousine germaine du père ou de la mère.
- 5 Populairement. Ma tante, le Mont-de-piété ou un prêteur sur gages. Emprunter cent francs à ma tante.
Il m'est impossible de faire ce que vous demandez [rendre la vaisselle d'argent qu'il avait achetée à crédit] par la raison qu'en ce moment mon argenterie ou, si vous aimez mieux, votre argenterie est chez ma tante - Chez ma tante ! cria l'orfévre se levant ave fureur
, Ch. de Bernard, les Ailes d'Icare, ch. 4.
HISTORIQUE
XIIIe s. Se li frere prant feme, et la sor se marie, et chascun a enfanz, li enfant à la seror apeleront lo frere lor oncle et cil au frere apeleront la sor ente
, Liv. de jost. 226. Nos meres qui furent seurs germaines de nostre dit oncle et antes de nostre dit cousin
, Ass. de Jérus. II, 413. E sa tante celui porta
, Grégoire, p. 50. Ele fu sa tante e sa mere
, ib. p. 112. Et come Eideline se seist avec l'enfant, il comença à crier et à dire à icele Eideline : ma tante, ma tante, veez, veez
, Miracles St Loys, p. 173. Se tere esquiet [échoit] de costé à celi qui est mariés, comme d'oncle ou d'antain, de frere ou de sereur…
, Beaumanoir, XIII, 13.
XVe s. Et se tint madame Anne de Behaigne à Bruxelles delez son oncle et sa belle ante
, Froissart, II, II, 133. Que comme il ait votre pere servi Et vostre tante en Lombardie aussi
, Deschamps, Supplicat. au roi.
ÉTYMOLOGIE
Picard, ante, nante ; wallon, antin, grand'tante ; provenç. amda ; lombard, ameda ; amida ; Brescia, meda ; du lat. amĭta, qui, ayant l'accent sur a, a donné régulièrement ante, qui est la forme ancienne conservée dans le picard. Mais d'où vient le t-ante ? Diez pense que c'est un t euphonique comme dans voilà-t-il ; mais, pour qu'une lettre euphonique ait une raison d'être, il faut qu'il y ait rencontre de deux voyelles ; aussi, précisant davantage, et pour avoir cette rencontre, Scheler admet qu'avec les adjectifs possessifs féminins on a intercalé un t : ma-t-ante, et que finalement ce t euphonique s'est agglutiné avec ante. À cela, il y a lieu d'objecter que nous n'avons aucune trace de l'intercalation d'un t euphonique après les adjectifs possessifs féminins ma, ta, sa. Cela reste donc à l'état d'hypothèse. Autant que nous savons présentement, tante représente ta ante ; mais alors comment se fait-il que ta ante ou t'ante soit devenu l'équivalent de ante ? Ici se présente une analogie : les cas analogues sont la justification des cas singuliers. Le wallon forme les noms de parenté avec l'adjectif possessif mon, ma, ainsi monfré, frère, maseûre, sœur, mononk, oncle, matante, tante ; dans ces mots mon, ma n'est qu'un son et n'a point de sens. Quelque chose de semblable se sera fait pour ante ; ta s'y sera agglutiné sans y rien ajouter ; et tante a fini par expulser ante ; ces formes proviennent du parler enfantin et domestique ; et les enfants disent encore aujourd'hui tatan pour tante. Au reste, tante est fort ancien ; il est dans le poëme sur Grégoire. Quant à antain, c'est le cas du régime pour ante.