« éperdu », définition dans le dictionnaire Littré

éperdu

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

éperdu, ue

(é-pèr-du, due) adj.
  • 1Qui est profondément troublé par la crainte, ou par une passion quelconque. Et mon âme d'ennuis est si fort éperdue Que…, Régnier, Plainte. Il les étonna tellement par la fermeté de son courage qu'ils prirent la fuite tout éperdus, Vaugelas, Q. C. liv. x, dans RICHELET. Et quelle âme, dis-moi, ne serait éperdue Du coup dont ma raison vient d'être confondue ? Racine, Andr. III, 1. Peins-toi dans ces horreurs Andromaque éperdue, Racine, ib. III, 8. Mes filles, soutenez votre reine éperdue, Je me meurs, Racine, Esth. II, 7. Pompée éperdu ne vit dans les premiers mouvements de la guerre, de parti à prendre que celui qui reste dans les affaires désespérées, Montesquieu, Rom. X. Je marche en frissonnant, mon cœur est éperdu…, Voltaire, Zaïre, v, 9.
  • 2Vif, violent, en parlant de l'amour. Comme un honteux effet d'un amour éperdu, Corneille, Tite et Bérén. I, 1.

    Transporté d'amour. Madame Paul qui est devenue éperdue, Sévigné, 143. La sultane éperdue N'eut plus d'autres désirs que celui de sa vue, Racine, Bajaz. I, 1. Tu veux commander seul à mes sens éperdus, Voltaire, Zaïre, IV, 2.

HISTORIQUE

XIIe s. De lui [se] venger ne fut mie esperduz, Ronc. p. 90. Grant alure s'en est à la porte venuz ; Fermée la trova : dunc fu mult esperduz, Th. le mart. 47.

XIIIe s. Quant Blanchefleurs l'entent, le cuer [elle] ot esperdu, Berte, LXXIX.

XVIe s. Esperdu de frayeur, Montaigne, I, 62. Une fuyte esmeue, mais non pas estourdie ny esperdue, Montaigne, IV, 3. Lors il se trouva délivré de la frayeur esperdue et du grand trouble où il estoit, Amyot, Thémist. 48. Les troupeaux sont esgarés et esperdus par les champs, Paré, XXIV, 52.

ÉTYMOLOGIE

Part. passé de l'anc. verbe esperdre (Li vilains… Jure et esmaie, si s'espert, Por ce que sa jornée pert, Ren. 16961), de es, et perdre ; provenç. esperdut.