« étoffer », définition dans le dictionnaire Littré

étoffer

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

étoffer

(é-to-fé) v. a.
  • Employer pour une chose toute l'étoffe, toute la matière nécessaire. Bien étoffer un chapeau.

    Garnir de tout ce qui est nécessaire pour la commodité et l'ornement. Étoffer un carrosse, un lit. Qu'elle [la Victoire] a fait richement son armure étoffer ! Malherbe, II, 12.

    Fig. Mon avis serait que vous travaillassiez à ceci [une dissertation sur le système de Leibnitz] comme à une dissertation qui paraîtrait à part ; vous l'étofferiez, vous la poliriez, vous l'augmenteriez, comme il vous semblerait à propos, Bayle, Lett. à des Maizeaux, 22 oct. 1700.

HISTORIQUE

XIIIe s. Li chaucier peueent [peuvent] fournir et estoffer leur chauces de deux soies, mès qu'eles soient nueves et souffisans, Liv. des mèt. 139. Se bourelier vent colier, ou aucune chose de son mestier, et on li demande de quoi la chose est estoffée, dire le doit, ib. 221.

XIVe s. Cinq cens hommes de pié de gent bien estoffée, Archier, arbalestrier et gent de renommée, Guesclin. 11021. Pour sa peine et sallaire d'avoir garnye et estoffée une chaiere appellée faulx-desteuil, De Laborde, Émaux, p. 310. Je sire de Blainville ay garnies et estoflées les dites capelles d'un messel et d'un breviaire pour chascune capelle, Du Cange, gradalicantum.

XVe s. Ces gens d'armes et archers [Anglais], le roi de Navarre les devoit payer de tous points et estoffer, Froissart, II, II, 25. Mettant dessus la place de chascune deesse un plat estoffé de pain et de vin, Perceforest, t. III, f° 155.

XVIe s. Si j'estoffois l'un de mes discours de ces riches despouilles, Montaigne, I, 156. Leurs bastiments sont estoffez d'escorce de grands arbres, Montaigne, I, 237. Estant bien aisé à cognoistre, quand ce n'eust esté qu'à la beaulté et sumptuosité de ses armes, qui estoient magnifiquement estoffées, Amyot, Pyrrhus, 35.

ÉTYMOLOGIE

Étoffe ; espagn. et portug. estofar.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

ÉTOFFER. Ajoutez :

Se disait en parlant des étoffes figurées sur les statues. Ils s'occupaient à dorer et à étoffer les images sculptées de la Vierge et des saints ; c'était une pratique de ce temps qui consistait à couvrir les draperies ou vêtements de ces images de feuilles d'or ou d'argent, à glacer ce fond de diverses couleurs transparentes, et à les damasquiner pour imiter la broderie ou le brocart, De Montaiglon, Hist. de l'Acad. de peinture (Mém. attribués à H. Testelin), t. I, p. 5.