« abandonné », définition dans le dictionnaire Littré

abandonné

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

abandonné, ée

(a-ban-do-né, née)
  • 1Part. passé de abandonner. Abandonné par ses parents. Abandonné de ses amis. Il faut être bien abandonné de Dieu et des hommes pour faire telle chose. Un enfant abandonné. Inquiet de se voir ainsi abandonné. Propriétés abandonnées (sans maître). Postes abandonnés. Othon avait eu une enfance abandonnée. Ville abandonnée au pillage. Abandonné à soi-même. Les chevaux abandonnés à eux-mêmes. Cette carrière est abandonnée de la jeunesse. Usages abandonnés. Abandonné des médecins. Personne n'est assez abandonné de Dieu pour cela, Pascal, Prov. 6. Non pas que ce Dieu, dont il est séparé et entièrement abandonné, ne soit plus le Dieu de l'univers, Bourdaloue, Pensées, t. III, p. 64. J'entre dans le lieu saint ; et qu'est-ce à mes yeux que cette maison de Dieu ? c'est un désert, et le désert le plus abandonné, Bourdaloue, ib. p. 310. Là, poursuivi d'une populace animée, abandonné aux plus indignes traitements d'une insolente et brutale soldatesque, Bourdaloue, Pensées, t. III, p. 376. Si Dieu les eût livrés à la corruption de leur cœur, il n'y eût point eu de pécheurs plus perdus et plus abandonnés à tous les vices, Bourdaloue, ib. t. II, p. 155. Je ne vous crois pas assez abandonné du Seigneur pour y songer, Hamilton, Gramm. 6. Une femme, nommée Pantée, était abandonnée de tous les médecins, Fénelon, Empéd. Loin de ses parents, aux fers abandonnée, Voltaire, Zaïre, III, 4. Aux bourreaux se vit abandonné, Voltaire, Alz. III, 4. C'est un de ces mortels du sort abandonnés, Voltaire, Mérope, II, 1. Un vieil oiseau qui se sent abandonné de ses ailes vient s'abattre auprès d'un courant d'eau, Chateaubriand, Génie, I, V, 6. Ces paisibles vertus au peuple abandonnées, A mon héros aussi le ciel les a données, Gilbert, Au Pr. de Salm. Alors je compris par expérience ce que j'avais souvent ouï dire à Mentor, que les hommes mous et abandonnés aux plaisirs manquent de courage dans les dangers, Fénelon, Tél. IV.
  • 2Adj. et, pris aussi dans ce sens, substantivement. Qui est sans frein, et, par suite, sans mœurs. Si nous étions assez abandonnés pour dire… C'est une abandonnée. Quelque libertin et quelque abandonné qu'il puisse être, il y a toujours de secrets reproches de la conscience qui le troublent, Bourdaloue, Pensées, t. III, p. 94. J'ose dire qu'il n'y a point de pécheur si abandonné qui porte jusque-là le désespoir, Bourdaloue, ib. t. I, p. 386. Il faut que vous passiez pour les plus abandonnés calomniateurs qui furent jamais, Pascal, Prov. 16. J'aime fort la beauté qui n'est pas profanée, Et ne veux pas brûler pour une abandonnée, Molière, l'Étourdi, III, 3. Cette lettre était un tissu d'ordures à faire trembler les plus abandonnés, Saint-Simon, 61, 31. Si nous étions assez abandonnés pour vouloir persuader au public…, Voltaire, Mœurs, Moïse. Il y a bien peu de femmes assez abandonnées pour aller jusque-là, Montesquieu, Let. pers. 26.

HISTORIQUE

XVIe s. Les autres ont escrit que ceste Phaa estoit une brigande, meurtriere et abandonnée de son corps, Amyot, Thésée, 11. Il nous fit de merveilleuses caresses et abandonnés traitements, Carloix, VIII, 18.