« brocher », définition dans le dictionnaire Littré

brocher

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

brocher

(bro-ché) v. a.
  • 1Passer, en tissant, des fils sur le fond uni d'une étoffe, pour y former des dessins. Brocher une étoffe d'or et d'argent.

    En termes de blason, brochant sur le tout, se dit des pièces qui, brochées sur d'autres, passent d'un côté de l'écu à l'autre. Il porte d'azur au lion d'or, à la fasce de gueules brochant sur le tout.

    Fig. Brochant sur le tout, en outre, de plus, comme complément. Il a mal parlé de vous, et, brochant sur le tout, il vous a desservi auprès du ministre.

  • 2Coudre ensemble les feuilles d'un livre préalablement pliées, puis y mettre une couverture de papier.
  • 3 Familièrement, faire sans soin, ou, simplement, faire à la hâte. Cet écolier broche ses devoirs. J'ai broché un sous-seing comme j'ai pu ; il fallait bien signer quelque chose, Courier, Lett. II, 197. Et qui vous dit, mes divins anges, que je brochais un drame ? Voltaire, Lettr. d'Argental, 13 juillet 1763.
  • 4 Terme de maréchal. Enfoncer à coups de brochoir les clous à travers les trous du fer et la corne, pour fixer le fer du cheval et du bœuf.

    Enfiler les épingles dans les anneaux qui en forment les têtes.

    Terme de boucherie. Pratiquer des trous dans la peau du bœuf assommé, afin de le souffler.

    Terme de couvreur. Brocher la tuile, la passer entre les lattes pour que le couvreur l'ait sous la main.

  • 5Donner un léger binage à la vigne.
  • 6 V. n. Pousser, en parlant d'un arbre nouvellement planté. Cet arbre commence à brocher. Peu usité.

HISTORIQUE

XIe s. Son cheval [il] broche [pique], et monte en un larriz, Ch. de Rol. LXXXVII.

XIIe s. Le destrier [il] broze [pique], il cort par tel randon…, Ronc. p. 52. Il broche le cheval, de lui ferir s'atire, Sax. X. De l'ost se partent trois glouton pautonnier, De ci al borc ne finent de broichier, Raoul de C. 87.

XIIIe s. Mere, de quoi me chastiez ? Est-ce de coudre ou de taillier ? Ou de filer ou de broissier ? Ou se c'est de trop sommeillier ? Romancero, p. 54. Atant ès vous un message broçant à espourons qui descendi as degrés de la sale, et monta amont et demanda le roi, Chr. de Rains, p. 65.

XVe s. [On vit] les deux chevaliers partir de leur lez, et brocher leurs chevaux des eperons rudement, et porter leurs lances arréement, Froissart, III, IV, 12. Lors se retourna-t-il le glaive au poing devers ses ennemis ; aussi firent les deux freres et plusieurs autres compagnons, et brocherent aux premiers venans, Froissart, I, I, 177.

XVIe s. Qu'ils debridassent leurs chevaux et brochassent à toute force des esperons, Montaigne, I, 367. Le cheval du tyran, qui estoit courageux et fort, et d'avantage se sentoit broché des esperons d'une part et d'autre jusques au sang, se hazarda de vouloir franchir le fossé, Amyot, Philop. 17. Ilz brocherent leurs chevaux des esperons l'un contre l'autre, les espées aux poings, avec grands cris, Amyot, Eum. 13. Et estoit vestu de robbes de pourpre brochées d'or, Amyot, Démétr. 57. Puis en brossant [éperonnant] les flancs de son bayard, Ronsard, 650.

ÉTYMOLOGIE

Broche ; provenç. brocar, brochar ; ital. broccare. On remarquera dans l'historique que le ch est souvent remplacé par ss ; probablement par une confusion avec brosse, brossailles (voy. ces mots). On y verra aussi que tous les sens de brocher se rapportent sans peine à piquer avec une pointe ou broche.