« chapon », définition dans le dictionnaire Littré

chapon

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

chapon

(cha-pon) s. m.
  • 1Coq châtré que l'on engraisse pour la table. Un coq y paraissait en pompeux équipage, Qui, changeant sur ce plat et d'état et de nom, Par tous les conviés fut appelé chapon, Boileau, Sat. III. Voici le fait : un chien vient dans une cuisine ; Il y trouve un chapon, lequel a bonne mine… Et quand il serait vrai que Citron, ma partie, Aurait mangé, messieurs, le tout ou bien partie Du dit chapon…, Racine, Plaid. III, 3.

    Familièrement. Il a les mains faites en chapon rôti, se dit d'un homme qui a les doigts crochus ; et fig. qui est un fripon.

    Se coucher en chapon, se coucher après avoir bien mangé.

    En droit coutumier, le vol du chapon, une certaine étendue de terre autour du manoir.

  • 2Morceau de pain bouilli au pot et servi sur un potage maigre.

    Chapon de Gascogne, ou, simplement, chapon, croûte frottée d'ail qu'on met dans une salade.

    Une gousse d'ail.

    Chapon de Normandie, une croûte de pain dans la bouillie.

  • 3Branche de vigne qu'on détache pour en faire une bouture.

    Nom donné à la vigne jusqu'à ce qu'elle produise, c'est-à-dire jusqu'à cinq ou six ans. Ces chapons ont deux ans. Des chapons de trois ans ou de trois feuilles.

  • 4 Terme de métallurgie. Support d'une tuyère.
  • 5 Terme de commerce. Grande peau d'élan ou de bouc, sans défaut.
  • 6 Terme de zoologie. Chapon de Pharaon, vautour d'Égypte.

PROVERBES

Ce sont deux chapons de rente, se dit de deux personnes, l'une grasse, l'autre maigre, à cause que le fermier n'a pas l'habitude d'envoyer deux chapons gras.

Qui chapon mange, chapon lui vient, c'est-à-dire le bien vient à ceux qui en ont déjà.

Il en porte le nom, mais n'en mange pas les chapons, c'est-à-dire il porte le nom d'une terre, sans en toucher les revenus.

HISTORIQUE

XIIe s. Ne remist [resta] buef ne vache ne chapuns ne geline, Cheval, porc ne berbiz, ne de blé plaine mine, Th. le mart. 120.

XIIIe s. Il devra à chascune fois, qui le perdra, un chapon ou douze deniers por le chapon à celui qui la coustume lou roy guardera de par le roi, Livre des mét. 9. Si prist une robe à un garchon, et se mit en la cuisine à tourner les capons, Chr. de Rains, 46. Il vos covendroit gelinetes, Chapons, oisons, tendres pouletes, Ren. 16538. Renart, qui tant aime gelines, D'un des chapons se r'est dinez, Ren. 15241. Plenteïve estoit sa mesons De gelines et de chapons, Ren. 1278. Capons de rentes ; cascuns capons est prisiés six deniers, et le [la] geline quatre deniers, Beaumanoir, XVII, 16. Mais se li contens fu pour autres rentes, comme de blé, d'aveines, ou de vin ou de chepons, Beaumanoir, XXIV, 9. Ne pain ne vin ne char ne capons ne perdris Ne truevent qu'achater, li mengiers est faillis, Ch. d'Ant. III, 281.

XVe s. [Les Gantois] avoient au Noël recueilli ses rentes et ses chapons en ses villes, dont fort deplaisoit au dit seigneur, Froissart, II, II, 221. Et lui dist qu'elle print les deux plus gras chapons de la chaponnerie, Louis XI, Nouv. LIX.

XVIe s. Chappons roustiz avecques leur degoust, poulles bouillies et graz chappons on blanc manger, Rabelais, Pant. IV, 69. Il mangea très bien ce soir et s'en alla coucher en chapon ; de la table au lit, ayant encore le morceau au bec, Rabelais, dans LE ROUX, Dict. comique. Cependant Perot tranchoit le chapon, D'Aubigné, Faen. IV, 5. L'aisné prenant le vol du chapon, qui est un arpent de terre ou jardin, Loysel, 614. Si tu te trouves sans chapon, sois content de pain et d'oignon, Cotgrave Chapon de huict mois, manger de rois, Leroux de Lincy, Prov. t. I, p. 155.

ÉTYMOLOGIE

Bourguig. chaipon ; picard, capon ; provenç. et espagn. capon ; catal. capó ; portug. capao ; ital. cappone ; du latin caponem, chapon ; comparez CHAPOTER.