« leurrer », définition dans le dictionnaire Littré

leurrer

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

leurrer

(leu-ré) v. a.
  • 1 Terme de fauconnerie. Dresser un oiseau au leurre.
  • 2 Fig. Suggérer quelque objet d'espérance pour tromper. Tu m'allègues le sort : prétends-tu, par ta foi, Me leurrer de l'appât d'un profane langage ? La Fontaine, Fabl. X, 12. Deux siens voisins se laissèrent leurrer à l'entretien libre et gai de la dame, La Fontaine, Rem. Sur les cent mille écus dont on m'a cru leurrer, Dites, combien la nièce a-t-elle à retirer ? Th. Corneille, Comtesse d'Orgueil, V, 7. Et d'une cause en l'air il le faut bien leurrer, Racine, Plaid. III, 2. Quoi ! par un feint amour vous m'auriez donc leurrée ! Destouches, Irrésolu, III, 4. L'espérance anime le sage, et leurre le présomptueux et l'indolent, Vauvenargues, Maximes, XI. Bonaparte ne nous baillait pas le lièvre par l'oreille, jamais ne nous leurra de la liberté de la presse, ni d'aucune liberté, Courier, Réponse aux anonymes.
  • 3Se leurrer, v. réfl. Être leurré. Ces oiseaux-là ne se leurrent pas facilement.

    Fig. Se leurrer d'un vain espoir.

    Se leurrer de, avec un verbe à l'infinitif, se flatter de. Son feu [du génie de Corneille] ne peut agir quand il faut qu'il s'explique Sur les fantasques airs d'un rêveur de musique… Il ne se leurre point d'animer de beaux chants, Et veut, pour se produire, avoir la clef des champs, Corneille, Excuses à Ariste.

HISTORIQUE

XIVe s. L'aprentis demande comme on doit loirrer ung faulcon nouvel affaittié, Modus, f° LXXXI.

XVe s. Si se mirent ces deux faucons en chasse et le comte après, ainsi que pour les loirrer, en disant : hoie ! hoie ! Froissart, I, I, 311. Amours loirre Les cueurs comme faucon en loirre, Chartier, Poésies, p. 636.

XVIe s. Ce que le garçon, qui estoit si bien leurré, qu'on pouvoit dire : à tel maistre tel valet, executa fort bien, Yver, 643. Ainsi qu'on voit au mouvement du bras du fauconnier quand il lourre et duit ses oiseaux, Paré, I, 8. J'appris Virgile, puis Plaute, leurré tousjours par la doulceur du subject, Montaigne, I, 197. On les leurre et acharne par touts moyens, Montaigne, III, 334. Il y est leurré [phrase proverbiale pour dire : il s'y connaît], H. Estienne, Précell. du lang. fr. p. 79.

ÉTYMOLOGIE

Leurre ; wall. lurer ; provenç. loirar ; anc. catal. loyrar.