« motif », définition dans le dictionnaire Littré

motif

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

motif

(mo-tif) s. m.
  • 1Ce qui pousse à faire une chose. Je sais par quel motif vous m'êtes si contraire, Corneille, Nicom. V, 10. Phèdre enchérit souvent [sur Ésope] par un motif de gloire, La Fontaine, Fabl. IV, 18. Le motif seul fait le mérite des actions des hommes, La Bruyère, II. Prenez dans vos misères un nouveau motif de confiance, Massillon, Carême, Lazare. Les motifs d'honneur et de justice l'emportèrent ici sur ceux de l'intérêt et de la politique, Rollin, Hist. anc. Œuv. t. I, p. 307, dans POUGENS. C'est bien peu connaître les passions que de les faire raisonner ; elles ont des motifs et jamais des principes, Duclos, Consid. mœurs, ch. 5.

    Motif à, avec un verbe à l'infinitif. Où prenez-vous, monsieur, que j'aie dit que mon motif à professer la religion chrétienne est le pouvoir qu'ont les esprits de ma sorte d'édifier et de scandaliser ? Rousseau, Lett. à M. Petit-Pierre, Motiers.... 1763.

    En psychologie, motifs d'action, les motifs qui déterminent la volonté.

    Motif de crédibilité, ce qui peut raisonnablement porter à croire une chose indépendamment des preuves démonstratives.

    Terme de jurisprudence. Les motifs, les raisons de juger que les jugements doivent contenir. Les arrêts… qui n'ont pas été rendus publiquement, ou qui ne contiennent pas les motifs, sont déclarés nuls, Loi 20 avril 1810, art. 7.

  • 2 Terme de musique. Phrase mélodique.

    Motif principal, la phrase de chant qui domine dans tout le morceau.

  • 3 Terme d'architecture. Se dit de certains sujets de sculpture Près du cercle international se trouve le parc anglais, dont le motif principal est une pagode de l'Inde, Le journal le Siècle, 1er avr. 1867.

HISTORIQUE

XIVe s. Ceux [les nerfs] de la nuche sont diz motis [moteurs], H. de Mondeville, f° 9, verso. Nerf est ung instrument sensible et motif, Lanfranc, f° 9. L'un aime pour une raison ou pour un motif, et l'autre aime pour l'autre, Oresme, Eth. 241. Et les choses desquelles le principe et la cause motive est en nous meisme quant à les faire ou non, telles choses sont voluntaires, Oresme, ib. 48.

XVIe s. Les seigneurs persiens luy demanderent s'ilz venoient de leur privé motif, ou s'ilz estoient envoyez par le public, Amyot, Lyc. 54. La faculté motive consiste principalement es nerfs et muscles, Paré, Introd. 8. Faisant estat de trouver les causes de chasque accident, et de veoir dans les secrets de la volonté divine les motifs incomprehensibles de ses œuvres, Montaigne, I, 248.

ÉTYMOLOGIE

Prov. et catal. motiu ; esp. et ital. motivo ; du latin motum, supin de movere (voy. MOUVOIR). Motif est proprement un adjectif qui dans l'ancienne langue et dans les autres langues romanes signifie : qui a la propriété de mouvoir. De là, transformé en substantif, il a pris le sens de cause d'action.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

MOTIF. Ajoutez : - REM. On a dit de son propre motif, pour : de son propre mouvement. On fut étonné d'apprendre que M. de Sève, de son propre motif et à ses dépens, avait fondé pour M. Stella une messe basse à perpétuité…, Guillet de St Georges, dans Mém. inéd. sur l'Acad. de peinture, publ. par Dussieux, etc. t. I, p. 427.