« orge », définition dans le dictionnaire Littré

orge

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

orge

(or-j') s. f.
  • 1Sorte de grain, du nombre de ceux qu'on nomme menus grains. De belle orge. C'est là [à un autel du temple de Délos] que Pythagore venait, à l'exemple du peuple, offrir des gâteaux de l'orge et du froment, Barthélemy, Anach. ch. 76.

    Pain d'orge, pain fait avec de la farine d'orge. Ces épreuves d'un pain d'orge qu'on mange sans étouffer, de l'eau bouillante dans laquelle on enfonce la main sans s'échauder, Voltaire, Pol. et législ. Fragm. hist. sur l'Inde, XX.

    Familièrement. Grossier comme du pain d'orge, très grossier.

    Fig. Entre l'orge et l'avoine, entre deux objets dont le choix est difficile. Le voilà donc entre l'orge et l'avoine, mais la plus mauvaise orge et la plus mauvaise avoine qu'il pût trouver, Sévigné, 18 août 1680.

  • 2Plante qui produit ce grain. L'orge, coupée en vert et donnée largement aux chevaux, mules, bœufs et autres animaux de labour, devient pour eux une nourriture très saine et qui vaut mieux que tous les remèdes imaginables, Genlis, Maison rust. t. III, p. 57, dans POUGENS.

    Orge, genre hordeum, graminées.

    Orge commune, hordeum vulgare, L.

    Orge à 6 rangs, ou carrée, ou d'hiver, hordeum hexastichon, L.

    Orge à 2 rangs, ou paumelle, pamelle, hordeum distichon, L.

    Orge pyramidale, ou riz d'Allemagne, hordeum zeocriton, L.

    Orge queue de souris (non cultivée), hordeum murinum, L.

    Fig. et populairement. Faire ses orges, faire bien ses orges, faire bien ses affaires en quelque chose, s'y enrichir (locution tirée de ce que faire ses orges signifie, au propre, faire la moisson de l'orge). Je faisais bien mes orges tant à Mixco qu'à Petapa, Lesage, Bach. de Salam. ch. 62. Le neveu de Melchior faisait là ses orges, Lesage, Gil Blas, VIII, 1.

  • 3Orge est masculin dans les trois cas qui suivent. Orge mondé, grains d'orge auxquels on enlève, par le moyen de la meule, la première de leurs enveloppes, qui est fort épaisse.

    Orge perlé, grains d'orge dépouillés de leur seconde enveloppe, et obtenus en petits grains naturellement arrondis, mais entiers et intacts, c'est-à-dire sans que la meule les ait ni broyés ni même entamés pour les arrondir.

    Orge carré, espèce d'orge dite aussi orge d'automne ou de prime, Dict. de l'Acad. au mot escourgeon.

  • 4Eau d'orge mondé ou eau d'orge perlé, eau dans laquelle on a fait bouillir l'un ou l'autre de ces orges. Il a pris un peu d'eau d'orge mondé. On lui a recommandé de boire de l'eau d'orge perlé.

    Par abréviation, on dit, pour l'une et pour l'autre, de l'eau d'orge, et même, simplement, de l'orge. Elle a pris son orge.

  • 5Sucre d'orge, sucre dépuré cuit avec une décoction d'orge, coloré par quelques gouttes de teinture de safran, et qu'on laisse refroidir sans le remuer pour qu'il conserve sa transparence. Si par hasard le papier s'était attaché en quelque lieu [d'un tableau roulé et envoyé], prenez un peu de sucre d'orge, frottez doucement cet endroit, et le papier se détachera, Poussin, Lett. 12 janv. 1644.
  • 6Grain d'orge, nom qu'on donne quelquefois à la grandeur d'une ligne, qui est la douzième partie d'un pouce.

    Grain d'orge, nom donné par les imprimeurs aux notes de plain-chant qui sont en losange, et qui valent la moitié d'une mesure.

    Grain d'orge, se dit pour orgelet.

  • 7Toile, linge de grain d'orge, à grain d'orge, ou toile, linge grain d'orge, ou, elliptiquement, du grain d'orge, toile semée de points ressemblants à des grains d'orge.

    On dit de même : futaine, broderie à grains d'orge.

  • 8Combien vaut l'orge ? nom d'un jeu en forme de dialogue.
  • 9Petite orge, cévadille

    PROVERBE

    Il faut mourir, petit cochon, il n'y a plus d'orge, c'est-à-dire la mort est inévitable.

REMARQUE

Orge était autrefois masculin et féminin. Bossuet l'a fait masculin : La meule d'un moulin… ne moudra que le grain qu'on aura mis dessous ; si c'est de l'orge, on aura de l'orge moulu, Bossuet, Élévat. sur myst. I, 8. L'Académie le fait féminin, sauf pour orge mondé, orge perlé, orge carré ; c'est évidemment une exception que rien ne justifie ; et les personnes qui écrivent orge mondée, orge perlée, orge carrée, ont raison.

HISTORIQUE

XIIe s. De cinq pains d'orge, de deux poissons noant [nageant], Ronc. p. 152.

XIIIe s. Tout fromant, tout blé, tout orge, tout saigle, tout pois… sunt de la meisme coustume devant dite, Liv. des mét. 313. Et Rooniax parmi la gorge Trois tors li fet fere en une orge, Ren. 11612.

XVe s. En chevauchant parmi nostre pays, ils ont foulé et abattu les blés, les orges et les avoines, Froissart, II, II, 288. Et encor seroit bon, nature, Que vous cessissiez vostre forge Dorenavant, et que tel orge, C'est à dire bestes et gens Et la semence des vivans Qui tant est mauvaise et despite…, Deschamps, Poésies mss. f° 432.

XVIe s. Ils faisoient leurs orges, comme l'on dit, en leurs charges, Carloix, VI, 17. Orge mondé, Paré, I, 14. Des orges, il y en a et de l'automne et du printemps, ceux de l'automne sont appelés chevalins ; ceux du printemps sont appellés paumés ou paumoules…, De Serres, 108. Les orges sont très profitables et sains à estre mangés en potage, pellés et mundés, De Serres, 109. L'argent quand l'orge, Cotgrave

ÉTYMOLOGIE

Wallon, woig, s. m. ; prov. ordi ; esp. orzuelo ; ital. orzo ; du lat. hordeum.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

ORGE. Ajoutez :
10Lancette en grain d'orge, lancette dont la lame a la forme d'un grain d'orge.