« préférence », définition dans le dictionnaire Littré

préférence

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

préférence

(pré-fé-ran-s') s. f.
  • 1Acte par lequel on préfère une personne, une chose à une autre. C'est par là que l'un d'eux obtient la préférence, Corneille, Rodog. I, 7. Ils se sont mis en colère pour la préférence de leurs professions, Molière, Bourg. gentilh. II, 4. Elle [la grandeur naturelle] demande une préférence d'estime ; mais les hommes n'y ont attaché aucune préférence extérieure, Pascal, Condit. des grands, II. Pour empêcher que certains greffiers ne prissent de l'argent pour cette sorte de préférence [expédier un plaideur avant l'autre], Pascal, Prov. VIII. La préférence du devoir sur l'inclination, Sévigné, 8 juin 1676. On lui donna même au prodigue la préférence sur son aîné, Massillon, Carême, Enf. prod.

    De préférence, par préférence, loc. adv. Par choix. Je me détourne des lettres où je crois qu'on m'en pourrait parler encore [des nouvelles de la cour], et je me jette avidement et par préférence sur les lettres d'affaires, Sévigné, 21 oct. 1671. Si l'on était réduit à ne conserver qu'un seul poëte parmi tous ceux que l'antiquité nous a laissés, il faudrait peut-être choisir Horace de préférence à tous les autres, D'Alembert, Éloges, Despréaux, note 28.

  • 2Préférence se dit du choix qu'on fait d'un marchand, d'un domestique, plutôt que d'un autre. Allez chez cette pauvre femme, et dites-lui que je lui veux du bien : j'ai besoin d'une femme de chambre, et je lui donnerai la préférence, Voltaire, Jeannot et Colin. Venez toujours glaner dans mes champs, accordez-moi cette préférence, Genlis, Théât. d'éduc. Ruth et Noémi, I, 3.

    Fig. Et donnez-moi la préférence, Quand il faudra vous ennuyer, Voltaire, Ép. LXIII.

  • 3Il se dit, chez une femme, d'un sentiment voisin de l'amour. Elle le traitait avec assez de préférence, Hamilton, Gramm. 7. Une préférence n'est pas de l'amour, Genlis, Thât. d'éduc. les Fausses délicatesses, I, 2.
  • 4 Terme de droit. Avantage qu'on donne à une personne sur une autre. Les biens du débiteur sont le gage commun de ses créanciers ; et le prix s'en distribue entre eux par contribution, à moins qu'il n'y ait entre les créanciers des causes légitimes de préférence, Code Nap. art. 2093. Les causes légitimes de préférence sont les priviléges et hypothèques, ib. art. 2094.
  • 5 Au plur. Marques particulières d'affection ou d'honneur accordées à quelqu'un. Vous ambitionnez toujours les préférences, Dict. de l'Académie.

HISTORIQUE

XIVe s. Et est à entendre vie parfaite en preference par temps et aage souffisant, Oresme, Eth. 21.

XVIe s. Il merite d'avoir quelque preference par dessus les autres capitaines, Amyot, Cimon et Lucul. 3. Ils firent couper les poulces aux Aeginetes, pour leur oster la preference en l'art de la marine, Montaigne, III, 108.

ÉTYMOLOGIE

Préférer.