« prudence », définition dans le dictionnaire Littré

prudence

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

prudence

(pru-dan-s') s. f.
  • Vertu qui fait connaître et pratiquer ce qui convient dans la conduite de la vie. Et c'est toujours prudence en un péril funeste D'offrir une moitié pour conserver le reste, Corneille, Tois. d'or, I, 2. La sagesse est dans les vieillards, et la prudence est le fruit de la longue vie, Sacy, Bible, Job, XII, 12. J'en veux un peu à la prudence humaine ; je me souviens de quelques tours qu'elle a faits, dignes de risée ; la voilà décriée pour jamais, Sévigné, 341. Ce que peut dans les maisons la prudence tempérée d'une femme sage…, Bossuet, Mar.-Thér. Nous mourons tous, disait cette femme dont l'Écriture a loué la prudence, Bossuet, Duch. d'Orl. Alors, quand les malheurs nous ouvrent les yeux… nous ne savons plus par où excuser cette prudence présomptueuse qui se croyait infaillible, Bossuet, Reine d'Anglet. Juste ciel ! c'est ainsi qu'assurant ta vengeance, Tu romps tous les ressorts de ma vaine prudence, Racine, Iphig. I, 5. Toutefois il [Joad] devrait garder plus de prudence, Racine, Athal. IV, 5. Où manque la prudence, trouvez la grandeur si vous le pouvez, La Bruyère, XII. Il y en aurait eu beaucoup [de traits hardis], si on n'avait été obligé, à quatre-vingt et un ans, de sacrifier à cette sotte vertu qu'on appelle prudence, Voltaire, Lett. La Harpe, 31 mars 1775. Dans l'incertitude de la vie humaine, évitons surtout la fausse prudence d'immoler le présent à l'avenir, Rousseau, Ém. v. Sa prudence était trop éclairée pour ressembler à la finesse, D'Alembert, Éloges, Dangeau.

    Terme de jurisprudence. S'en rapporter à la prudence, abandonner une décision à une autorité sans rien lui demander expressément.

    Dans le style de l'Écriture, prudence mondaine, prudence de la chair, prudence du siècle, l'habileté dans les affaires du monde. Prudence chrétienne, celle qui apprend à discerner ce qui conduit à Dieu.

    Avoir la prudence du serpent, être très prudent (locution qui ne se dit que dans le style familier, et qui provient de la subtilité attribuée par la Bible au serpent). Que le ciel vous donne la force des lions et la prudence des serpents ! Molière, Bourg. gent. IV, 6. Les chers frères ont la force des lions quand ils écrivent ; mais il faut qu'ils aient la prudence des serpents quand ils agissent, Voltaire, Lett. Damilaville, 1er juin 1764.

    PROVERBE

    Prudence est mère de sûreté.

HISTORIQUE

XIIIe s. Prudence est cil habiz par cui l'on puet conseiller à veraie raison entor les bones et les mauvaises choses de l'ome, Latini, Trésor, p. 298. Vertus moral est devisée en quatre membres, ce sont prudence, atemprance, force et justise, Latini, ib. p. 345.

XVIe s. Les sciences ne peuvent que nous enseigner la prudence, la preud'hommie et la resolution, Montaigne, I, 151. Je n'ay gueres d'art… pour dresser et conduire par prudence les choses à mon poinct, Montaigne, III, 47. La memoire des choses passées est la prudence de ce qui est à advenir, Pasquier, Lett. t. III, p. 683. On donne les offices et promotions, et non prudence et discretion, Leroux de Lincy, Prov. t. II, p. 360.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. et ital. prudenza ; du lat. prudentia, de prudens, prudent.