« réalité », définition dans le dictionnaire Littré

réalité

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

réalité

(ré-a-li-té) s. f.
  • 1Existence réelle, caractère réel, chose réelle. Nous avons beau enfler nos conceptions au delà des espaces imaginables, nous n'enfantons que des atomes, au prix de la réalité des choses, Pascal, Pens. I, 1, édit. HAVET. Tous ces passages ensemble [des psaumes et des prophètes] ne peuvent être dits de la réalité ; tous peuvent être dits de la figure ; donc ils ne sont pas dits de la réalité, mais de la figure, Pascal, ib. XVI, 6. Dans les lois, il faut raisonner de la réalité à la réalité, et non pas de la réalité à la figure, ou de la figure à la réalité, Montesquieu, Espr. XXIX, 16. Mondor : Une maîtresse en l'air et qui n'eut jamais vie ? - Damis : Oui, je l'aimais avec autant de volupté Que le vulgaire en trouve à la réalité, Piron, Métrom. II, 8.

    La réalité du corps de Jésus-Christ dans l'eucharistie, la présence réelle. Elle [la princesse de Tarente, calviniste et par conséquent ne croyant pas à la présence réelle] me fait valoir les siennes [dévotions], où elle fait plus de jeûnes et de retraites que nous n'en faisons pour notre réalité, Sévigné, 18 août 1680. La réalité, qui nous est commune avec les luthériens, Bossuet, 1re instr. past. 39.

  • 2Il se dit au pluriel. Après m'avoir fait sentir tous les plaisirs de l'espérance, songez à me donner des réalités, Sévigné, à Mme de Grignan, 26 août 1676. Quand même les douces erreurs et les songes sur lesquels votre esprit s'endort deviendraient un jour des réalités, Massillon, Petit carême, Drapeaux. Ils ont donné à ce qui n'est pas les réalités de ce qui existe, Condillac, Art de pens. I, 8.

    Par opposition à objet peint. Elle [une prude] fait des tableaux couvrir les nudités, Mais elle a de l'amour pour les réalités, Molière, Mis. III, 5.

    Par opposition à promesse. Et je ne croirai rien que vous n'ayez, madame, Par des réalités su convaincre ma flamme, Molière, Tart. IV, 5.

  • 3 Absolument, au singulier, les choses telles qu'elles sont, sans illusion ni poésie. Malheur à qui du fond de l'exil de la vie Entendit ces concerts d'un monde qu'il envie ! Du nectar idéal sitôt qu'elle a goûté, La nature répugne à la réalité, Lamartine, Médit. I, 2. L'un, comme Caldéron et comme Mérimée, Incruste un plomb brûlant sur la réalité, Musset, La coupe et les lèvres, Dédicace.
  • 4En réalité, loc. adv. Réellement. Heureux en apparence, il ne l'est pas en réalité.

HISTORIQUE

XVIe s. En dons n'i a ordre, raison, mesure ; On pille l'un par grant crudelité, Pour enrichir, contre realité, Un sot ou fou ; n'est-ce pas grand injure ? les Triomphes de la noble dame, f° 90, dans LACURNE. Obligation generalle de la personne et de tous ses biens meubles et immeubles, passée aussy par devant la loy, n'induit nulle hypoteque ne realité, Nouv. coust. génér. t. I, p. 514.

ÉTYMOLOGIE

Lat. realis (voy. RÉEL).