« rétracter », définition dans le dictionnaire Littré

rétracter

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

rétracter [1]

(ré-tra-kté) v. a.
  • 1Déclarer qu'on n'a plus l'opinion qu'on avait avancée ; désavouer, se dédire. Pour l'obliger à rétracter ses doctrines, Pascal, Prov. XII. Je rétracte ce que j'avais dit en courant et sans y penser, Sévigné, 435. Il faut que, lui, il rétracte ses erreurs, Bossuet, Lett. quiét. 446. Je ne rétracterai jamais les promesses que mon âme… vous fait, Massillon, Carême, Vocat. Le petit-fils et la mère, encouragés par un homme qui fut autrefois avocat, rétractent leur aveu, Voltaire, Pol. et lég. Probab. en fait de just. Nouv. probabilités. Il [le pape Jean XXII] avait des opinions singulières qu'il fut obligé de rétracter, Voltaire, Ann. Emp. Louis V, 1324. Je viens, monsieur, rétracter hautement les discours injurieux que l'ivresse m'a fait tenir en votre présence, Rousseau, Hél. I, 60.
  • 2Revenir sur une résolution (emploi vieilli). Sans doute il [Pompée] aurait pu tenter d'autres combats, Contre un sort infidèle essayer d'autres bras, Et forcer les destins à rétracter sa perte, Brébeuf, Pharsale, VII. Pardonnez, dieux puissants, pardonnez à la terre… Pourquoi tout renverser et pourquoi tout détruire ? Rétracter mon bonheur, c'est assez me réduire, Brébeuf, ib.

    Rétracter un don, annuler un don qu'on avait fait. Guillot, sachant ce don, L'avait fait rétracter pour plus d'une raison, La Fontaine, Cas. Ses affaires [d'un prince indien] s'étant rétablies avant que ses engagements eussent été remplis, il rétracta le don qu'il avait fait [de Karikal à la compagnie des Indes], Raynal, Hist. phil. IV, 30.

  • 3Se rétracter, v. réfl. Se dédire, faire une rétractation. Son texte [de saint Augustin] n'a pas le privilége d'être canonique ; il s'est bien rétracté lui-même de beaucoup de propositions, La Mothe le Vayer, Vertu des païens, 1, Avant-propos. Bien loin de se rétracter d'aucune de ses erreurs, Bossuet, Var. 1. Rien n'était plus connu que son équité… il pouvait instruire sans se rétracter et sans se condamner soi-même, Fléchier, Duc de Mont. Il n'y avait nulle apparence que Métellus se rétractât des motifs qui l'avaient fait agir étant tribun, Exil de Cicéron, dans DESFONTAINES. Le légat, extrêmement déconcerté, fit ramener en prison le grand maître [des templiers] et le frère du Dauphin d'Auvergne, qui s'était aussi rétracté, Saint-Foix, Ess. Paris, Œuv. t. III, p. 272, dans POUGENS.

HISTORIQUE

XIVe s. Et ycelles [lettres] voulons estre tenues et gardées perpetuelment, sans les retraittier ou enfraindre comme que soit, Du Cange, retractare.

XVe s. Et quand tu l'as et tu la tiens, Au monde ne te fault plus riens, Paradis tu en peux gaigner ; Je ne t'en doy plus retracter [reparler], la Font. 222.

XVIe s. Saint Augustin mesme, se retractant de l'autre sentence, maintient fort et ferme que…, Calvin, Instit. 225. Qu'il ne soit loisible à aucun, disent-ils, de retracter le jugement de notre siege, Calvin, ib. 911. À quoy Sa Majesté replicqua qu'il ne pouvoit pas retracter sa parolle, Carloix, IX, 22.

ÉTYMOLOGIE

Lat. retractare, dénominatif de retractum, supin de retrahere, de re, et trahere, tirer (voy. TRAIRE).