« trafiquer », définition dans le dictionnaire Littré

trafiquer

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

trafiquer

(tra-fi-ké), je trafiquais, nous trafiquions, vous trafiquiez ; que je trafique, que nous trafiquions, que vous trafiquiez v. n.
  • 1Faire trafic. Et sans peur du larron trafique le marchand, Régnier, Sat. I. Il vendit son troupeau, Trafiqua de l'argent, le mit entier sur l'eau, La Fontaine, Fabl. IV, 2. Ils nous regardèrent comme des esclaves dont les Phéniciens trafiquaient, Fénelon, Tél. II. Les Portugais trafiquèrent aux Indes en conquérants, Montesquieu, Esp. XXI, 21.
  • 2 Fig. Faire un profit illicite, malhonnête, honteux. Pour moi qui n'estime pas tant ma prose, je ne prétends point d'en trafiquer, Guez de Balzac, liv. VI, lett. 3. De plus, que Melpomène Souvent, sans déroger, trafique de sa peine, La Fontaine, Fabl. I, 14. Un vil amour du gain infectant les esprits… Trafiqua du discours et vendit les paroles, Boileau, Art p. IV. Des amis vendus… Qui, choisis par Néron pour ce commerce infâme, Trafiquent avec lui des secrets de mon âme, Racine, Brit. I, 4.
  • 3 Fig. Avoir relation, commerce, correspondance. Vous qui, depuis dix ans à la cour attaché, Sur les seules douceurs [aux dames] vous êtes retranché, Et qui, ne méditant que conquêtes nouvelles, Trafiquiez sans scrupule avec toutes les belles ! Hauteroche, Nobles de prov. I, 6. Elle [Mme de Chaulnes] m'entretint deux heures… pour me conter toute leur conduite [d'elle et de son mari]… elle sait que je trafique en plusieurs endroits, et que je pouvais avoir été instruite par des gens qui m'auraient dit le contraire, Sévigné, 27 oct. 1675.

    Il se conjugue avec l'auxiliaire avoir.

  • 4 V. a. Faire trafic de (peu usité en cet emploi). Ils [les Juifs] achètent à vil prix les blés, les bestiaux, les denrées du pays, les trafiquent à Dantzik et en Allemagne, Voltaire, Charles XII, 2.

    Négocier. Trafiquer une lettre de change.

    Fig. Ceux dont l'unique profession est de vendre et d'acheter des billets publics sur les nouvelles heureuses et malheureuses qu'on débite, et de trafiquer la crainte et l'espérance, Voltaire, Dict. phil. Économie. Embrasez-vous, autels ! rentrent dans la poussière, Avec leur idole grossière, Tous ces tyrans sacrés qui trafiquent l'erreur, Gilbert, le Jubilé. De quel droit, trahissant les droits de la nature, Trafiquaient-ils le monde et la race future ? Lebrun, dans Alman. des muses pour 1791, p. 169.

HISTORIQUE

XVIe s. Tous gens vivans de la soude [solde] et de la guerre, comme ceulx qui ne sçavoient ni labourer la terre ny traffiquer sur mer, Amyot, P. AEM. 18. Pour directeur de ceste entreprise [la conjuration d'Amboise] a esté commis un gentilhomme nommé la Renauldie, homme d'esprit, remuant, qui par ci-devant a esprouvé diverses fortunes ; cestuy a couru par tout le royaume, et traffiqué le cœur de plusieurs, Pasquier, Lett. t. I, p. 179.

ÉTYMOLOGIE

Trafic ; espagn. traficar, trafagar ; portug. trafaguear ; ital. traficare.