« usurier », définition dans le dictionnaire Littré

usurier

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

usurier, ière

(u-zu-rié, riè-r') s. m. et f.
  • 1Celui, celle, qui prête à usure. C'est ainsi qu'à son fils un usurier habile Trace vers la richesse une route facile, Boileau, Sat. VIII. Cette honnête usurière, Qui nous prête, par heure, à vingt sous par écu ? Regnard, le Joueur, I, 6. Des enfants de famille que les usuriers mettaient en état de faire de la dépense, Lesage, Gil Bl. III, 12.

    Fig. La nature, cruelle usurière, nous ôte tantôt un sens et tantôt un autre ; elle avait ôté l'ouïe au père Bourgoing, et elle ne manque pas tous les jours de nous enlever quelque chose comme pour l'intérêt de son prêt, sans se départir pour cela du droit qu'elle se réserve d'exiger en toute rigueur la somme totale à sa volonté, Bossuet, Bourgoing.

  • 2 Par extension, celui, celle qui profite des malheurs ou des nécessités d'autrui pour accroître sa fortune.
  • 3 Adj. Une libéralité usurière, qui donne un œuf pour avoir un bœuf, Rousseau, Ém. II.

    PROVERBE

    Il n'est pas usurier qui veut.

HISTORIQUE

XIIIe s. Cil Diex, se li vient à plaisir, Puet encore bien consentir à parler les bestes sauvages Et les usuriers fere larges, Ren. 234. Li uzerier et li termoieur qui plus doutent la honte du siecle que le pechié d'usure, se soutillent malicieusement comment il puissent prester, Beaumanoir, LXVIII, 4. Mes s'uns grans usuriers ou uns grans baretierres, Combien qu'il ait esté desloiaus et pechierres, Leurvuelt estre [aux ordres mendiants], à la mort, du sien larges donnierres, Il morra cordeliers, s'il vuelt, ou preeschierres, J. de Meung, Testam. 945.

XIVe s. Si estoit ainsi que les useriers avoient pourpensé une cautelle comment il pussent defrauder le pueple, Bercheure, f° 38, verso.

XVIe s. Rarement est et peu souvent Le vieil usurier sans argent, Leroux de Lincy, Prov. t. II, p. 411. [Dion] aprez avoir appellé Seneque très sage tantost et tantost ennemy mortel des vices de Neron, le faict ailleurs avaricieux, usurier, ambitieux…, Montaigne, III, 149.

ÉTYMOLOGIE

Bourg. usurei ; prov. usurier ; esp. usurero ; ital. usuraio ; du lat. usurarius, de usura, usure.