« écuyer », définition dans le dictionnaire Littré

écuyer

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écuyer

(é-kui-ié ; l'r ne se lie jamais ; au pluriel, l's se lie : des é-kui-ié-z habiles) s. m.
  • 1Anciennement, gentilhomme qui portait l'écu d'un chevalier. Trois simples écuyers, sans bien et sans secours, Voltaire, Tancr. I, 1. Le service de l'écuyer consistait, en paix, à trancher à table, à servir lui-même les viandes, à donner à laver aux convives, Chateaubriand, Génie, IV, V, 4.
  • 2Écuyer tranchant, officier qui coupe les viandes à la table des princes.

    Grand écuyer tranchant, officier de table, servant le roi aux grandes cérémonies.

  • 3Titre des simples gentilshommes et des anoblis. Un tel, écuyer. On vous contesterait après cela [être pendu] le titre d'écuyer, Molière, M. de Pourc. III, 2.
  • 4L'intendant des écuries d'un prince.

    Le grand écuyer, officier présidant à tout ce qui concerne les écuries et les chevaux d'un monarque ; sous l'ancienne monarchie on l'appelait tout court : M. le Grand. L'empereur voulut l'apaiser, mais, ne pouvant s'en faire écouter, il se retira, Caulaincourt le poursuivant toujours de ses reproches… Le lendemain, Napoléon ne put ramener à lui son grand écuyer que par des ordres formels et réitérés, Ségur, Hist. de Nap. IV, 5.

    Le premier écuyer de la grande écurie, celui qui commande en l'absence du grand écuyer. Il a sous lui les écuyers de quartier.

    Le premier écuyer de la petite écurie, celui qui a soin des chevaux dont le prince se sert ordinairement. On le nommait aussi écuyer cavalcadour.

    Écuyer de main, celui qui donne la main au prince, à une princesse pour monter en voiture, et aussi celui qui donne la main à une personne de qualité et qui a le soin de l'accompagner dans toutes les visites qu'elle fait. Comment donc, madame, un écuyer ? êtes-vous femme à écuyer ? Dancourt, Chev. à la mode, IV, 4.

  • 5Celui qui enseigne, dans un établissement spécial, la théorie et la pratique de l'équitation, qui dresse les chevaux, etc.

    Celui qui monte bien à cheval. Cet homme est bon écuyer.

    Celui qui fait divers exercices sur le cheval dans un théâtre. Une troupe d'écuyers.

  • 6Écuyer de bouche, de cuisine, le maître d'hôtel d'une grande maison.

    Écuyer de bouche, officier qui range les plats sur la table de l'office avant de les servir au prince.

    Écuyer de cuisine, un des premiers officiers de la cuisine de quelque grand.

  • 7 Terme de construction. Rampe d'un escalier.
  • 8 Terme de chasse. Jeune cerf qui en suit un vieux.
  • 9 Terme de vigneron. Faux bourgeon qui croît au pied d'un cep de vigne. Il n'y a que l'écuyer qui a donné cette année.

    PROVERBE

    Qui aime Martin aime son chien ; qui aime le chevalier aime l'écuyer.

HISTORIQUE

XIe s. Ne n'i adeist [que n'y arrive] esquier ne garçon, Ch. de Rol. CLXXIV.

XIIe s. Uns escuers vint pognant la ferrée [la route ferrée, pavée], Ronc. p. 146. Cel jor firent François d'Anseys chevalier, Car encores servoit al role d'escuyer, Sax. IV. Li arcevesques out iluec sun esquier, Th. le mart. 47.

XIIIe s. Uns escuiers qui avoit une demisele espousée, Beaumanoir, XXIII, 5.

XIVe s. Trois escuyers qui portent les escus, Et en lor poins les trois espiés molus, Devant eux menent les auferans [chevaux] crenus, Guiart, dans DU CANGE, armigeri. Thomas Damport, escuier de chambre du duc de Bedford, Du Cange, escuerus. Deux escuiers de cuisine et deux aides avec eulx, pour le dressouer de cuisine, Ménagier, II, 4.

XVe s. Sera tenus le dit fournier de prendre cascun samedi le blé des moeutures pour faire le blanc pain du couvent… et pour faire pain d'escuier on lui delivrera blé des greniers, Du Cange, panis. Le bon escuier fait le bon chevalier, Leroux de Lincy, Prov. t. II, p. 77.

ÉTYMOLOGIE

Bourguig. écué ; provenç. escudier, escuder, escuier ; espagn. escudero ; portug. escudeiro ; ital. scudiere ; du bas-lat. scutarius, de scutum, écu ; angl. squire, esquire. Barbazan faisait venir l'écuyer portant l'écu, de scutifer ; l'écuyer pour l'écurie, de equus ; et l'écuyer tranchant, de escarius, de esca. Les formes communes aux langues romanes montrent que ce mot ne peut venir que de scutarius, lequel a pris ensuite dans le service de la maison féodale diverses acceptions.