« étincelle », définition dans le dictionnaire Littré

étincelle

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étincelle

(é-tin-sè-l') s. f.
  • 1Parcelle en ignition et lumineuse qui se détache d'un corps qui brûle ou d'un corps qu'on a choqué. Faire jaillir une étincelle, des étincelles. Comme un feu mal éteint qui sort de temps en temps de dessous la cendre et qui repousse de vives étincelles, Fénelon, Tél. VII. Comme une vieille forêt qu'une étincelle de feu a embrasée, Fénelon, ib. XVI.

    Fig. L'étincelle divine qui anime l'homme, l'âme, l'intelligence.

  • 2 Fig. Ce qui est comparé à une étincelle qui met le feu. Et des embrasements d'une guerre immortelle Étouffer sous vos pieds la première étincelle, Voltaire, Fanat. I, 1. Cet amour, dites-vous, qui vous toucha pour elle Fut d'un feu passager la légère étincelle, Voltaire, Orphel. III, 4. La querelle des sacrements refusés aux jansénistes a été la première étincelle de l'embrasement, D'Alembert, Destruction des jés. Œuvres, t. v, p. 73, dans POUGENS.
  • 3Ce qui est comparé à une étincelle qui jette une courte et vive lumière. C'était un grand butin, s'il fût resté aux vaincus une étincelle de courage, Vaugelas, Q. C. IX, 10, dans RICHELET. Le cardinal Richelieu avait de la naissance ; sa jeunesse jeta des étincelles de son mérite, Retz, II, 94. Avant que d'avoir la moindre étincelle de l'amour de Dieu, Bossuet, Var. 3. Il faudrait que j'eusse quelque étincelle de ce zèle de saint Bernard, Bossuet, Bernard, 1. Dieu avait répandu quelques étincelles de cette lumière dans les Écritures, Bossuet, Hist. II, 26. Ces étincelles de poésies parurent principalement dans les deux extrémités du royaume, en Provence et en Picardie, Fontenelle, Hist. Théât. fr. Œuvres, t. v, p. 11, dans POUGENS. Deux ou trois étincelles de raison ne pouvaient pas éclairer le monde au milieu des torches ardentes et des bûchers que le fanatisme alluma pendant tant d'années, Voltaire, Voyage de la raison. Vous ranimez en moi ces vives étincelles Des vertus dont brillaient vos âmes immortelles, Voltaire, M. de Cés. II, 2. J'avais de quelque espoir une faible étincelle, Voltaire, Mérope, II, 2. Ce n'est pas qu'il n'y ait des étincelles de génie dans Calderon, Voltaire, Lett. Cideville, 24 mai 1762.
  • 4 Terme de physique. Étincelle électrique, trait de lumière et de feu qui part soudain d'un corps électrisé, quand un autre s'en approche.

HISTORIQUE

XIIe s. Son douz regart, qui vient d'une estencelle Mon cuer en moi ferir, Couci, XVIII. E li parent vienent à mei et demandent mun fiz, qu'il l'ocient pur sun frere qu'il ad mort ; e volent esteindre la stencele qui remese m'est, que remembrance ne seit de mun marid, Rois, p. 168. Toute ma terre iert mise en estencele [sera brûlée], Raoul de C. 41.

XIIIe s. El limon ot assez de belles Florettes d'or et estincelles [paillettes], Athis, dans DU CANGE, scintilla.

XVIe s. Ces œuvres-là il reputa fient [fumier], Qui luy sembloyent auparavant si belles, Mais ce n'estoient que vaines estincelles, Marot, I, 78. Petite estincelle luit en tenebres, Génin, Récréat. t. II, p. 247. Quant meurt l'estincelle, elle luit tant plus clere, Génin, ib. p. 248.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. scintilla, cintilla ; espagn. centella ; ital. scintilla ; du latin scintilla. Le français estincelle est, par métathèse, pour escintele. Le XVIe siècle reprenait parfois la forme latine et disait scintille.