« étinceler », définition dans le dictionnaire Littré

étinceler

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étinceler

(é-tin-se-lé. L'l se double quand la voyelle qui suit est muette : il étincelle, il étincellera) v. n.
  • 1Jeter des étincelles. Les justes brilleront et ils étincelleront comme des feux qui courent au travers des roseaux, Sacy, Bible, Sagesse, III, 7. Pendant la nuit, des mouches luisantes se montraient dans les airs ; on eût dit que la montagne étincelait, Staël, Corinne, XI, 1.

    Il se dit de ce qui brille comme si des étincelles en sortaient. Il y a des étoiles qui étincellent plus que d'autres. L'autel étincelait des flambeaux d'hyménée, Voltaire, Mérope, v, 6. Sitôt qu'aux champs de l'air l'œil du jour étincelle, Gilbert, le Jubilé.

  • 2 Par extension, on dit que le regard, l'œil étincelle, à cause qu'il devient brillant dans certaines passions vives. Ses farouches regards étincelaient de rage, Corneille, Pomp. IV, 1. Il étincelle des yeux, La Bruyère, XI.

    Par suite on dit que ces passions étincellent par ou dans les yeux. La flamme de ton cœur par tes yeux étincelle, Régnier, Dial. Ainsi du Dieu vivant la colère étincelle, Racine, Esth. II, 7. Mais déjà la fureur dans vos yeux étincelle, Boileau, Lutrin, III. Un feu divin étincelle dans les yeux du jeune guerrier, Fénelon, Tél. XVII. Quel désespoir horrible en tes yeux étincelle ! Voltaire, Alz. IV, 4. Ses traits durs et pensifs ont un calme odieux, Et surtout quand la joie étincelle en ses yeux, Lemercier, Frédég. et Brun. III, 2.

    Enfin on dit qu'un homme et même un animal étincelle, quand il est plein de feu. Le cheval partage aussi les plaisirs de l'homme ; à la chasse, aux tournois, à la course, il brille, il étincelle, Buffon, Cheval.

  • 3 Fig. Avoir des traits vifs, d'éclatantes beautés, en parlant des ouvrages d'esprit. Ses ouvrages [de Juvénal], tout pleins d'affreuses vérités, Étincellent pourtant de sublimes beautés, Boileau, Art p. II.

    On peut dire aussi que les beautés étincellent dans un ouvrage.

    Il se dit même des personnes. Malgré son fatras obscur, Souvent Brébeuf étincelle ; Un vers noble quoique dur Peut s'offrir dans la Pucelle, Boileau, Épigr. 28.

HISTORIQUE

XIIIe s. [Le ciel qui porte] Toutes les estoiles o li [avec lui], Estincelans et vertueuses Sor toutes pierres precieuses, la Rose, 17007.

XVIe s. La providence secrette de Dieu n'a jamais esté effacée tellement du cœur des hommes, que tousjours quelque residu n'ait estincellé parmi leurs tenebres, Calvin, Instit. 142. En la nature de l'homme, quelque perverse et abastardie qu'elle soit, il y estincelle encores quelques flammettes, Calvin, ib. 191. Je luy contay le feu qui me brusloit, Dont la chaleur aux yeux m'estinceloit, Ronsard, 778. Ses yeux perçans, qui de travers regardent, Incessamment estincellent et ardent, Marot, II, 279. Tout habit gris est une cendre grise, Couvrant un feu qui tousjours estincelle, Marot, III, 126. Tout le ciel estincelle ; Pour vray, onc je ne vis une nuict estoillée…, La Boétie, 508. … L'estinceler De vos œillades flamboyantes, Jacques Tahureau, Poésies, p. 161, dans LACURNE.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. sintillar ; espagn. centellar ; portug. scintillar ; ital. scintillare ; du latin scintillare, de scintilla, étincelle.