« ô », définition dans le dictionnaire Littré

ô

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ô

(ô) interj.
  • 1Elle sert à marquer le vocatif. Ô Romains ! ô vengeance ! ô pouvoir absolu ! Ô rigoureux combat d'un cœur irrésolu ! Corneille, Cinna, IV, 3. Que deviendrez-vous donc, ô homme, qui cherchez quelle est votre véritable condition par votre raison naturelle ? Pascal, Pensées, t. I, p. 293, éd. LAHURE. Ô ciel ! ô terre ! ô prodige nouveau ! Bossuet, Anne de Gonzague. Ô appât du plaisir sensible, et goût du fruit défendu, surmonté par la constance du P. Bourgoing ! ô Jésus-Christ ! ô sa mort, ô son anéantissement et sa croix honorés par sa pénitence ! Bossuet, Bourgoing. Ô des fleuves français brillante souveraine, Salut ! ma longue course à tes bords me ramène, Chénier, Élég. IX. Viens, ô divin Bacchus, ô jeune Thyonée, Viens tel que tu parus aux déserts de Naxos, Quand ta voix rassurait la fille de Minos, Chénier, Bacchus.
  • 2Elle exprime un sentiment d'admiration, d'étonnement, de surprise. Ô mère ! ô femme ! ô reine admirable ! Bossuet, Reine d'Anglet. Ô paroles qu'on voyait sortir de l'abondance d'un cœur…, Bossuet, Duch. d'Orl. Ô membres tendres et délicats si souvent couchés sur la dure ! Bossuet, Bourgoing.
  • 3Ô exprimant la satisfaction, la joie. D'une âme généreuse ô volupté suprême ! Un mortel bienfaisant approche de Dieu même ! Racine L. la Rel. ch. VI. Ô délire ! ô faiblesse humaine ! le sentiment du bonheur écrase l'homme, il n'est pas assez fort pour le supporter, Rousseau, Émile, V. Ô lignes que sa main, que son cœur a tracées, ô nom baisé cent fois, craintes bientôt chassées, Chénier, Élég. III. Ah ! je les reconnais, et mon cœur se réveille ; Ô sons, ô douces voix chères à mon oreille, Ô mes muses, c'est vous ; vous mon premier amour ! Chénier, ib. IV.
  • 4Ô exprimant un sentiment de douleur, de regret. Mais je dépens de vous, ô serment téméraire ! Ô haine d'Émilie ! ô souvenir d'un père ! Corneille, Cinna, III, 3. Ô vanité ! ô néant ! ô mortels ignorants de leurs destinées ! Bossuet, Duch. d'Orl. Mais, ô coup funeste pour la princesse Anne ! la pieuse abbesse mourut…, Bossuet, Anne de Gonz. Ô fond de la boîte de Pandore ! ô espérance ! où êtes-vous ? Voltaire, Lett. Mme de Lutzelbourg, 7 nov. 1754.
  • 5Ô exprimant la colère. Ô rage ! ô désespoir ! ô vieillesse ennemie, Corneille, Cid, I, 7.
  • 6Ô exprimant un sentiment de crainte, d'effroi. Ô nuit désastreuse ! nuit effroyable ! Bossuet, Duch. d'Orl. Où suis-je ? Ô trahison ! ô reine infortunée ! Racine, Ath. V, 5. Ô haine de Vénus ! ô fatale colère ! Racine, Phèdre, I, 3.
  • 7Ô exprimant le reproche. Ô crainte, a dit mon père, indigne, injurieuse ! Racine, Ath. V, 1.
  • 8Ô exprimant un désir, un vœu. Ô que n'est-il déjà jour ! Ô ! si la sagesse était visible, de quel amour les hommes s'enflammeraient pour elle ! D'Olivet, Trad. de Cic. dans GIRAULT-DUVIVIER.
  • 9Ô donnant plus de force à que et à combien. Ô combien d'actions, combien d'exploits célèbres Sont demeurés sans gloire au milieu des ténèbres ! Corneille, Cid, IV, 3. On ne parle plus que de paix [dans l'Église] ; ô qu'elle soit véritable ! ô qu'elle soit effective ! ô qu'elle soit éternelle ! Bossuet, Cornet. Ô qu'il était éloigné de ces prédicateurs infidèles qui…, Bossuet, Bourgoing.
  • 10Les O de Noël, nom donné à neuf antiennes qui commencent chacune par la particule latine o, et que l'Église chante successivement dans les neuf jours qui précèdent Noël.
  • 11Cri dont les marins font précéder certains commandements qu'ils répètent en chœur, pour mettre de l'ensemble dans leurs efforts : O ! hisse ! ô ! hale ! etc.