« abstraction », définition dans le dictionnaire Littré

abstraction

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

abstraction

(ab-stra-ksion ; en poésie, de quatre syllabes) s. f.
  • 1Action d'abstraire, opération intellectuelle par laquelle, dans un objet, on isole un caractère pour ne considérer que ce caractère ; résultat de cette action. Sans l'abstraction, l'esprit humain ne pourrait conduire aucun raisonnement un peu compliqué. L'abstraction ne crée pas des êtres et n'est qu'un artifice logique. Le pouvoir d'abstraction. Par une abstraction puissante, il a saisi ce qu'il y avait de plus général dans son sujet. La blancheur considérée en soi est une abstraction, puisqu'il y a dans la nature, non la blancheur, mais des choses blanches. Il faut bien se garder de prendre des abstractions pour des réalités. Un point géométrique est une supposition, une abstraction de l'esprit, Voltaire, Memm. XI. On est souvent forcé de s'écarter, pour l'intérêt public, de la rigoureuse pureté d'une abstraction philosophique, Mirabeau, Collection, t. III, p. 323. Dans ces diverses cosmogonies, on est placé entre des contes d'enfants et des abstractions de philosophe, Chateaubriand, Gén. I, III, 1.
  • 2Faire abstraction de, écarter, ne pas faire entrer en compte. Faire abstraction des inconvénients. Abstraction faite des hommes et du temps. Il faut estimer le mérite pour lui-même et faire abstraction de la fortune. En faisant abstraction de tout sens, Pascal, Prov. I. De quelque manière que l'on considère cette république, abstraction faite de sa grandeur, Rousseau, Contr. IV, 3.
  • 3 Au plur. Dans un sens défavorable, idées trop métaphysiques, mal soutenues par les faits. C'est un esprit chimérique qui se perd dans les abstractions.
  • 4 Au plur. Rêverie, préoccupation. Le voilà de nouveau dans ses abstractions.

SYNONYME

FAIRE ABSTRACTION, ABSTRAIRE. Faire abstraction, c'est ne pas tenir compte de. Abstraire, c'est exécuter l'opération intellectuelle par laquelle on isole, dans un objet, un caractère. On abstrait pour généraliser ; on fait abstraction de, quand on n'a pas égard à ceci ou à cela.

HISTORIQUE

XIVe s. À ce peut l'en respondre : la cause est pour ce que les choses de mathematiques sont cogneues par abstration, imagination et phantasie, Oresme, Eth. 181.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. abstraccio ; catal. abstracció ; espagn. abstraccion ; ital. astrazione ; de abstractio, de abstrahere, abstraire.