« accoster », définition dans le dictionnaire Littré

accoster

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

accoster

(a-ko-sté) v. a.
  • 1Aborder quelqu'un qu'on rencontre. [Gens qui] vous viennent accoster comme personnes ivres, Régnier, Sat. II.
  • 2S'accoster de, v. réfl. Prendre pour compagnon, hanter, fréquenter. N'ayant point dîné, Je m'accostai d'un homme à lourde mine, Voltaire, P. Diable. Accostez-vous de fidèles critiques ; Fouillez, puisez dans les sources antiques ; Lisez les Grecs, savourez les latins ; Je ne dis tous, car Rome a ses Cotins, Rousseau J.-B. Ép. III, 1, à Marot.
  • 3 En termes de marine, en parlant d'un bâtiment, d'une embarcation, venir se placer le long et à côté de. La chaloupe accosta le vaisseau. Ce vapeur accosta le quai.

HISTORIQUE

XIIe s. Ses homes se acosterent à lui, si li distrent : Bel pere, se li prophetes te deïst que…, Rois, 363. Lez Oliver s'acoste le meschin [il se met près du jeune Olivier], Ronc. 50. Et à un pilier [il] s'est tenuz et acostez, Th. le Mart. 148.

XIIIe s. Maintes fois avint que en esté il aloit seoir au bois de Vincennes, après sa messe, et se acostoioit à un chesne, Joinville, 199. Lez un fossé se plaint et plore, Et cil lui corent andoi seure Là où il se fu acostez, Ren. 18573.

XIVe s. Au lez devers la mer [il] les a fais acoster ; Les pors lor a tolus, et les pas destournez, Guesclin, 14782.

XVe s. Les archers d'Angleterre estoient accostés aux deux lez du chemin, Froissart, I, I, 218.

XVIe s. J'avois le latin si prest et si à la main que mes precepteurs craignoient à m'accoster, Montaigne, I, 194. Junia s'estant accostée d'elle familierement, elle la repoussa rudement, Montaigne, III, 180. M. de Vendosme vint acoster M. de Vielleville, Carloix, IV, 16. Toutefois il s'acosta de lui pour se descharger de sa creance, Carloix, II, 7. [Dans le cortége] les archevesques de Cologne et de Mayence accostoyent [étaient à côté] l'empereur, Sleidan, p. 18.

ÉTYMOLOGIE

Wallon, acoister ; provenç. et espagn. acostar ; ital. accostare ; de ad, à, et costa, côte (voy. CÔTE). Joinville a dit acostoier, verbe fait de à et costoyer, que nous disons côtoyer. Il y avait, dans l'ancien français, le substantif acost, qui signifiait action d'accoster : Et Renart si s'en vait fuyant Qui n'avoit soing de son acost, Ren. 25915. On remarquera que nos anciens auteurs écrivaient généralement par un seul c accoster et les mots composés semblablement. Cela prouve qu'ils n'en prononçaient qu'un seul. Nous n'en prononçons qu'un seul non plus ; pourquoi ne faisons-nous pas comme eux ? C'est une simplification digne d'être recommandée à l'Académie.