« aiguillon », définition dans le dictionnaire Littré

aiguillon

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aiguillon

(è-güi-llon, ll mouillées, et non è-güiyon. Dans le XVIe s. on prononçait la syllabe gui comme aujourd'hui, c'est-à-dire en diphthongue, ainsi que dans huile ; voy. Palsgrave, p. 16. Au contraire un dictionnaire du XVIIIe s. donne la prononciation è-ghi-llon. Maintenant la prononciation è-güillon est la seule bonne) s. m.
  • 1Pointe de fer fixée à un long bâton, et dont on se sert pour piquer les bœufs. Faire sentir l'aiguillon. Un dieu qui d'aiguillons pressait leurs flancs poudreux, Racine, Phèd. V, 6.
  • 2Espèce de dard rétractile, par lequel se termine le dernier anneau de l'abdomen chez quelques insectes. Laisser son aiguillon dans la piqûre.
  • 3 Fig. L'aiguillon de la douleur. Toutes ces choses qui auraient dû nourrir mes peines en émoussaient au contraire l'aiguillon, Chateaubriand, René, 212. Les douleurs n'étaient que les aiguillons de votre corruption, Massillon, Affl. Paul sent au dedans l'aiguillon honteux de Satan qui l'humilie, Massillon, Resp.
  • 4Tout ce qui excite à faire quelque chose. Proximité de la mort, qu'il s'est efforcé, pour ainsi dire, de nous faire sentir comme l'aiguillon le plus vif et le plus capable de nous piquer, Bourdaloue, Carême, t. I, p. 38. Nul aiguillon divin n'élève leur courage, Régnier, Sat. IX. Ces bruits furent un aiguillon pour la gloire, Hamilton, Gramm. 11. Les enfants de Port-Royal auxquels on ne donne point cet aiguillon d'envie et de gloire tombent dans la nonchalance, Pascal, édit. Cous.
  • 5Dans la langue de l'Écriture, l'aiguillon de la chair, les tentations de la chair.
  • 6 Terme de botanique. Piquant qui adhère à l'écorce. Il ne faut pas confondre les aiguillons avec les épines ; l'aiguillon ne tient qu'à l'épiderme ; l'épine se continue intérieurement avec le corps ligneux de la tige.
  • 7 Terme de chasse. Il se dit de la pointe qui termine les fumées ou fientes des bêtes fauves.

HISTORIQUE

XIIe s. Kar rebuchié furent lur hustilz de fer, les uns e les altres, jesque à l'aguillon, Rois, 44. Et por ce ke chascuns, combien que il unkes ait en ceste vie esploitiet, sent encore l'aguilhon de sa corruption, Job, 483. Li cuers espris des aguilhons de sa iror fremist, li cors tremble…, ib. 514.

XIIIe s. Vencu l'aguillon de la mort, Psautier, B. M. 258, f° 191. Cil point l'asne de l'aguillon Par derriere sur le crespon, Des esperons le destraingnoit, Et du chevestre le feroit, Ren. 221.

XVIe s. Il aimoit uniquement les saucisses… les harengs saurs, et tous semblables aiguillons à vin, Despériers, Contes, LXXIX. Par l'aiguillon du plaisir, Paré, XVIII, 1.

ÉTYMOLOGIE

Genev. avouillon ; wallon, awion ; rouchi, èwiglion ; Berry, agullon ; provenç. agulion ; catal. agulló ; espagn. agujon ; ital. aguglione ; d'une forme non latine aculeonem, régime d'aculeo, augmentatif d'aculeus, de même radical que acutus, piquant, qui lui-même est dérivé de acus, aiguille (voy. ce mot), avec un suffixe.