« avocat », définition dans le dictionnaire Littré

avocat

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

avocat

(a-vo-ka ; le t se lie dans le parler soutenu : un avocat habile, dites : a-vo-ka-t-habile ; au pluriel, l's se lie : des avocats habiles, dites : a-voka-z-habiles ; avocats rime avec fracas, appas) s. m.
  • 1Celui dont la profession est de plaider en justice. Un avocat savant et estimé est certainement au-dessus de ceux qui ont acheté pour un peu d'argent le droit d'être injustes ; un tel avocat serait un excellent conseiller ; mais où est le conseiller qui serait un bon avocat ? Voltaire, Lett. Lavaisse, 4 juillet, 1762. La fonction de l'avocat est pénible, laborieuse, et suppose dans celui qui l'exerce un riche fonds et de grandes ressources, La Bruyère, 15.

    Avocat plaidant, celui qui s'occupe particulièrement de plaidoiries.

    Avocat consultant, celui qui donne des conseils dans son cabinet, et des avis écrits sur les affaires litigieuses.

    Avocat du roi, avocat de la république, avocat impérial, qualification que, dans l'usage des tribunaux, on donne, à l'audience seulement, aux substituts du procureur du roi ou du procureur impérial.

    Avocat général, avant 1789, membre du ministère public près des cours supérieures qui portait la parole ; on disait le procureur général a la plume, l'avocat général a la plaidoirie. Depuis 1810, titre des substituts du procureur général près la cour de cassation, ou de certains substituts des procureurs généraux près les cours impériales, et donné dans l'usage à tous les substituts du procureur général lorsqu'ils siégent, lorsqu'on leur parle ou lorsqu'on parle d'eux. Les avocats généraux sont hiérarchiquement supérieurs aux simples substituts ; mais les fonctions sont les mêmes.

  • 2 Fig. Intercesseur. Il ne faut pas se faire l'avocat de l'injustice. Il a fini par être l'avocat bavard de la superstition, Voltaire, Lettr. Damilaville, 8 nov. 1762. Ils n'étaient que des avocats subtils et véhéments de la plus mauvaise de toutes les causes, Voltaire, Lettr. Mme du Deffant, mars 1765.
  • 3L'avocat du diable, celui qui propose les objections dans une conférence religieuse, et, en général, celui qui défend une chose peu digne d'être défendue.

    Avocat de Ponce Pilate, avocat sans causes, à cause des paroles de Ponce-Pilate : non invenio causam.

    Jeu de l'avocat, jeu de société en dialogue.

HISTORIQUE

XIIe s. [Un roi] Dulz, charitables e gentils, Juz [juste], avocaz de sainte Eglise, Benoit de Sainte-Maure, II, 1658. La cruiz arcevesqual fist porter à sa destre, Et la reisgne del frein tint en la main senestre ; Fait out sun avocat de Jesu-Crist sun mestre, Th. le mart. 38.

XIIIe s. Et bien saciés de voir que li doi meillour avocat de la court [de Rome] par qui vous esploiterés plus tost de vostre besoigne aciever, c'est ors et argens, Chr. de Rains, 244. Mes s'il sunt advocat por eus En la cause as fins amoreus, la Rose, 19575. Et cil qui parolent pour autrui sont apelé avocat, Beaumanoir, V, 1. Lors se font avocas, qu'il n'ont d'autre recors, Et s'en vont en enfer tout droit plus que le cors, J. de Meung, Test. 629. Mout d'escrivains, je n'en dout pas, Sont peintres, et tous avocas Peignent en leur parole, Dit des peintres.

XIVe s. Es vous un homme à moi venir, Qui bien sembloit estre advocas, Qui parler sceüst en tous cas, J. Bruyant, dans Ménagier, t. II, p. 24.

XVe s. Le duc de Berry fut pour le vicomte de Chastel si bon et si certain avocat, que la besogne se conclut du tout à son entente, Froissart, III, IV, 24.

XVIe s. Tout advocat beau diseur ressemble à bassin de jongleur, Génin, Récréat. t. II, p. 250.

ÉTYMOLOGIE

Bourguig. aivocar ; provenç. avocat, advocat ; espagn. abogado ; portug. advogado ; ital. advocato ; de advocatus, de ad, à, et vocatus, appelé : celui qui est appelé au secours ; de vocare, de vox (voy. VOIX). Avocat est un mot fait dans le XIIe siècle sur advocatus, qui avait donné, dans le français primitif, avoué.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

AVOCAT. Ajoutez :
4Dans le langage féodal, protecteur. Les rois d'Espagne se qualifiaient encore, il n'y a que quelques années, avocats d'une partie des villes que j'ai conquises en Flandre, Mém. de Louis XIV, édit. Dreyss, t. II, p. 450.