« bâiller », définition dans le dictionnaire Littré

bâiller

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

bâiller

(bâ-llé, ll mouillées, et non bâ-yé ; il faut avoir bien soin de donner à l'a le son marqué par l'accent circonflexe) v. n.
  • 1Faire un bâillement. Nous bâillons en voyant bâiller les autres. Quelque léger dégoût vient-il le travailler, Une faible vapeur le fait-elle bâiller…, Boileau, Sat. X.
  • 2S'ennuyer. On bâillait à cette comédie. Quand vous bâillez à quelque trait D'un certain livre fort abstrait, Votre mie aussitôt vous gronde, Saint-Lambert, à Mlle.... Fi des salons où l'ennui qui se berce Bâille entouré d'un luxe éblouissant, Béranger, Fille du peuple.
  • 3S'entr'ouvrir, être mal joint. Une [huître] s'était ouverte, et, bâillant au soleil, Par un doux zéphyr réjouie…, La Fontaine, Fab. IX, 8.

    Cette étoffe, cette dentelle bâille, elle n'est pas assez tendue.

REMARQUE

Bâiller a été dit pour soupirer après, désirer ardemment ; mais c'est une faute et une confusion avec bayer (voy. ce mot).

HISTORIQUE

XIIe s. Puis s'en levad, et par cele chambre sus et jus alad, et sur l'enfant tant se culchat, que les oilz uverid et seit feiz baeilad, Rois, 359.

XIIIe s. Mais Renart, qui de fain baaille, N'a cure de fere bataille, Ren. 2147. Acroupiz s'est sor une couche ; De baaillier li delt [fait mal] la bouche, ib. 956. Nuns ne me tent, nuns ne me baille ; Je touz de froid, de fain baaille ; Dont je suis morz et maubailliz, Rutebeuf, III.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. badaillar ; catal. badallar ; ital. sbadigliare. Ces formes expliquent pourquoi l'ancien français a baailler en trois syllabes, et l'accent circonflexe du français moderne bâiller. Badaillar, baailler sont une forme allongée de badare, bayer (voy. ce mot).

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

BÂILLER. Ajoutez :

Activement. Bâiller sa vie, la passer en bâillant. Appauvri d'âme et de sang, le fils [de Henri IV] traîna, bâilla sa vie ; et le plus grand service qu'il ait rendu à la France est d'avoir maintenu Richelieu au pouvoir, Henri Blaze de Bury, Rev. des Deux-Mondes, 15 août 1876, p. 947.