« bouffer », définition dans le dictionnaire Littré

bouffer

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

bouffer

(bou-fé) v. n.
  • 1Témoigner par un certain gonflement de la face qu'on est en mauvaise humeur ; être dans une colère qui n'éclate pas. Il bouffe. Le grand écuyer [après cette sottise] se releva le nez de dessus la table, regarda toute la compagnie, toujours bouffant, Saint-Simon, 177, 110.
  • 2Se soutenir sans s'affaisser en parlant de certaines étoffes. Ce taffetas bouffe.

    Par extension. Il [le duc de Bourgogne] avait des cheveux châtains si crépus et en telle quantité qu'ils bouffaient à l'excès, Saint-Simon, 322, 211.

  • 3Se gonfler, en parlant de la pâte qui ressent dans le four l'effet de la chaleur. Le pain avait déjà bouffé.

    Terme de maçonnerie. Le plâtre bouffe, il gonfle. Un mur bouffe, il pousse en dehors.

    Terme de jardinage. Un fruit bouffe, quand il grossit plus d'un côté que de l'autre.

  • 4 V. a. Terme de boucherie. Souffler une bête tuée pour en rendre la chair plus belle.

REMARQUE

Le langage populaire confond bouffer avec bâfrer : il bouffe bien ; sans doute à cause de la rondeur des joues, quand la bouche est emplie. Mais ce n'en est pas moins une locution rejetée par le bon usage.

HISTORIQUE

XIIIe s. Li rois l'entent, boufe et sospire, Tristan, 1859. dans LACURNE.

XIVe s. Icelluy Taillefer dist à l'exposant qu'il buffast, et qu'il lui donroit une buffe, Du Cange, buffare.

XVe s. De ceste vie suys bouffez [fâché], Villon, Ball.

XVIe s. Ilz deschiquetoyent leur peau pour y faire bouffer la gresse, ne plus ne moins qu'on descouppe le haut de chausses pour y faire bouffer le taffetaz, Rabelais, Pant. V, 16. Point ne t'est bien ceste forme seante ; Jette moy là toute fluste bouffante, Et prens en main les armes, sans enfler Si laidement tes joues à souffler, Amyot, Comment refréner la colère, 12. La synoque fait paroistre tout le corps comme bouffi et enffé, ce qui a donné occasion à quelques medecins de l'appeller synoque enflante et bouffante, Paré, XX, 9. [Pallas] Bouffante d'ire et d'une forte voix, Comme un tonnerre appeloit les Gregois, Ronsard, 596. Un seul Bacchus doit se boufer de haine Contre ton isle…, Ronsard, 684. Gaioffe, bouffé, se cholere contre soy mesme, Merlin Cocaïe, t. I, p. 288, dans LACURNE.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. et espagn. bufar, souffler ; ital. buffare, souffler et plaisanter. D'après Diez, et selon toute apparence, il faut le rattacher à une onomatopée exprimant le bruit que fait la bouche en soufflant. Bouffer et pouffer sont deux formes d'un même mot.