« brodequin », définition dans le dictionnaire Littré

brodequin

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

brodequin

(bro-de-kin) s. m.
  • 1Chaussure antique qui couvre le pied et une partie de la jambe. Dès que la belle Aurore eut annoncé le jour, le fils d'Ulysse mit ses brodequins, Fénelon, XXI, 457. Eudore attache à ses pieds des brodequins gaulois formés de la peau d'une chèvre sauvage, Chateaubriand, Martyrs, 99.
  • 2Chaussure à l'usage des acteurs qui jouaient la comédie. Eschyle dans le chœur jeta les personnages, D'un masque plus honnête habilla leurs visages, Sur les ais d'un théâtre en public exhaussé Fit paraître l'acteur d'un brodequin chaussé, Boileau, Art p. III.

    Fig. La comédie. Mais quoi ! je chausse ici le cothurne tragique ; Reprenons au plus tôt le brodequin comique, Boileau, Sat. X.

    Chausser le brodequin, composer une comédie, jouer la comédie.

  • 3Bottines à l'usage des femmes et des enfants. Gageons que son brodequin Nous cache un pied de bouquin [diable], Béranger, Gott.
  • 4Rougeur des pieds après un bain de pieds. Prenez le bain de pieds assez chaud pour qu'il se produise un brodequin.
  • 5 Au plur. Brodequins, nom d'une espèce de torture, où l'on serrait les jambes du criminel entre des pièces de bois, avec des coins, sur lesquels on frappait pour augmenter le serrement.
  • 6 Terme de manége. Sorte de petits bas à étrier à l'usage des jeunes académistes, et qui faisaient que la botte, bien remplie, ne grimaçait pas.

HISTORIQUE

XVe s. Le roy Richard mort, il fut couché sur une litiere, dedans un char couvert de brodequin tout noir, Froissart, liv. IV, p. 348, dans LACURNE SAINTE-PALAYE. Sur iceux chevaux avoit deux pages houssez de petits brodequins jaunes et sans esperons, De la Marche, Mém. liv. II, p. 534, dans LACURNE SAINTE-PALAYE.

XVIe s. Elle se leva toute seule et print des brodequins et son manteau, Marguerite de Navarre, Nouv. X. Et, après qu'il eut fermé la porte et osté sa robe et ses brodequins fourrés, s'en alla se mettre au lit, Marguerite de Navarre, ib. XVIII.

ÉTYMOLOGIE

Espagn. borcegui ; ital. borzacchino ; du flamand broseken, anciennement brosekin, d'après Diez qui soupçonne que le mot flamand a été formé de byrsa, cuir, par interversion. Brodequin, dans l'ancien français, a signifié une sorte de cuir.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

BRODEQUIN. - ÉTYM. Ajoutez : D'après M. Dozy, ce mot représente l'arabe cherqui, cuir d'un certain mouton nommé cherc. L'ancien portugais ayant dit moresquil et mosequin, M. Dozy y voit cherqui avec l'addition portugaise de mo, qui se trouve aussi en d'autres mots ; puis mo s'est changé, comme cela est facile, en bo.