« brouter », définition dans le dictionnaire Littré

brouter

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

brouter

(brou-té) v. a.
  • 1Manger sur place l'herbe ou les feuilles des arbres. L'agneau broute le serpolet, La chèvre s'attache au cytise, Lamartine, Harm. I, 7. …le cerf hors de danger Broute sa bienfaitrice [la vigne] ; ingratitude extrême, La Fontaine, Fabl. V, 15.

    Par extension. Nous [abeilles] ne broutons que des fleurs odoriférantes ; nous ne faisons que du miel délicieux, Fénelon, XIX, 46. Tandis que des hommes créés à l'image de Dieu et rachetés de tout son sang, broutent l'herbe comme des animaux, auriez-vous la force d'y être le seul heureux ? Massillon, Carême, Aumône.

    Absolument. Dès que les chèvres ont brouté, Certain esprit de liberté Leur fait chercher fortune…, La Fontaine, Fabl. XII, 4.

    Fig. et familièrement. L'herbe sera bien courte s'il ne trouve de quoi brouter, se dit de celui qui sait vivre, se tirer d'embarras là où d'autres ne le sauraient pas.

  • 2 Terme de métier qui se dit d'un outil ne coupant pas le bois nettement, et en rendant la surface inégale, par comparaison avec l'effet de la dent des animaux qui broutent.

PROVERBE

Où la chèvre est attachée il faut qu'elle broute, se dit pour exprimer que le mieux est de se conformer à son sort, à sa situation, à la nécessité.

HISTORIQUE

XIIe s. Plus que la chievre ne s'apese Des chous bruster, s'ele en a ese, Benoit de Sainte-Maure, II, 12655.

XIVe s. Dame, dist Bauduins, par la vertut discrée, Kievre convient brouster là où est assenée, Baud. de Seb. X, 347.

XVIe s. Sus, grand toreaux, et vous brebis petites, Allez au tect, assez avez brousté, Marot, III, 303.

ÉTYMOLOGIE

Wallon broster ; bourguignon, brôttai ; provenç. brostar, brouter, ronger, brost, rongé (voy. BROUT). Brouter, dans le sens de mal couper, a donné dans les métiers broutement et broutage, au sens de saccade.