« chêne », définition dans le dictionnaire Littré

chêne

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

chêne

(chê-n') s. m.
  • 1Arbre de la famille des amentacées, qui produit le gland. Le chêne craint le voisinage des pins, des sapins, des hêtres, et de tous les arbres qui poussent de grosses racines dans la profondeur du sol, Buffon, Exp. sur les végét. 2e mém. Le chêne un jour dit au roseau : Vous avez bien sujet d'accuser la nature ; Un roitelet pour vous est un pesant fardeau, La Fontaine, Fables, I, 22.

    Chêne vert, yeuse, variété de chêne qui conserve ses feuilles en toute saison.

    Chêne rouvre, autre variété très grande (quercus robur).

    Familièrement. Payer en feuilles de chêne, payer en effets sans valeur.

    Pomme de chêne, voy. NOIX de galle.

    Il se porte, il est fort comme un chêne, se dit d'une santé très robuste.

    Fig. L'Académie, moins hardie que nos grands écrivains, ou, si l'on veut, plus timide en masse que dans chacun de ses membres, n'avait-elle pas trop restreint les richesses de notre langue, trop ébranché le vieux chêne gaulois ? Villemain, Préf. du Dict. de l'Acad. 1835.

  • 2Le bois de chêne travaillé. Un buffet de chêne.

    Le bois de chêne à brûler. Je ne brûle que du chêne.

  • 3Chêne-saule, arbre d'Amérique. Les chênes-saules dont la rivière était bordée y répandaient l'ombre, Chateaubriand, Amér. II, 137.

    Petit chêne, un des noms vulgaires de la germandrée.

  • 4 Terme d'astronomie. Chêne de Charles II, petite constellation méridionale.

PROVERBES

Petit homme abat grand chêne, c'est-à-dire une force petite mais intelligente vient à bout de grandes choses.

On n'abat pas un chêne du premier coup.

HISTORIQUE

XIIe s. Cume li muls vint suz [sous] un grand chaigne e ki mult out branches, une des branches aerst Absalon par la tresce, Rois, 186.

XIIIe s. Li pors li vint gole baée, Et li chevaliers tint s'espée ; à un chesne s'est afichié, Ren. 22507.

XIVe s. L'amour d'une pucelle n'est pas si tost gaingnie ; Au premier cop li kaisnes, che dist-on, ne kiet [tombe] mie, Baud. de Seb. V, 666.

XVIe s. Les autres meirent à l'entour de leurs testes des chapeaux de branches de chesne, Amyot, Pyrrhus, 22. Et jusques à mon temps encore monstroit on un vieil chesne, que ceulx du païs appeloient communement le chesne d'Alexandre, Amyot, Alex. 13. Le nom de chesne a esté particulierement donné au quercus, estant le robur appellé roure, et l'ilex l'yeuse. L'yeuse est aussi appellé en France chesnevert, De Serres, 794 et 795.

PROVERBES

Petit homme abbat bien un grand chesne, et douce parolle grand ire, Gabriel Meurier, Trésor de sentences dorées, dans LEROUX DE LINCY, t. I, p. 62. D'un petit gland sourd [sort] un grand chesne, Leroux de Lincy, ib.

ÉTYMOLOGIE

Berry et saintongeois, châgne ; picard, quêne, caine ; Berry, chaigne ; provenç. casser ; bas-lat. casnus. Casnus est dans des textes du IXe siècle, c'est la plus ancienne forme que nous connaissions ; le provençal casser est pour casne ; et les formes de la langue d'oïl répondent aussi à casnus. Mais d'où vient casnus ? Diez le tire d'un adjectif quercinus, de quercus, chêne, attesté par l'italien quercino, contracté en querçnus, d'où casnus, chêne, que étant changé en ca ou cha comme dans cascun, chascun, de quisque-unus. L's qui est dans casnus, la plus ancienne forme, écarte l'étymologie celtique par tann, chêne, qui, prononcé chann, aurait donné chêne ; mais il n'est pas impossible que le celtique ait agi pour s'assimiler le mot originairement latin et pour lui donner la forme singulière qu'il a prise.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

CHÊNE. Ajoutez : Chêne liége, quercus suber, L.

ÉTYMOLOGIE

Ajoutez : À côté de la forme provençale casser, mettez la forme béarnaise quasso : qui abaterà lô frunt de quasso… Fors et coutumes de Béarn, Pau, 1715, p. 103, et la forme de l'Armagnac casse, Bladé, Contes recueillis en Armagnac.