« chantre », définition dans le dictionnaire Littré

chantre

Définition dans d'autres dictionnaires :

Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

chantre

(chan-tr') s. m.
  • 1Celui qui chante ou est supposé chanter. Ce mot, dans ce sens, est aujourd'hui réservé au style poétique et à la haute éloquence. Le chantre de la Thrace, Orphée. Le chantre thébain, Pindare. Le chantre d'Ionie, le chantre d'Ilion, Homère. Le chantre d'Énée, Virgile. Le chantre de Roland, l'Arioste. Le chantre des jardins, Delille. Homère et le chantre latin, Régnier, Sat. VII. Du plus habile chantre un bouc était le prix, Boileau, Art p. III. Vous auriez une douleur amère d'avoir fait périr un chantre qui fait les délices des hommes, Fénelon, XXI, 475. Que le chantre flatteur du tyran des Romains, L'auteur harmonieux des douces Géorgiques…, Voltaire, Épît. LXXVI. Oui, par un héros plus sublime [Napoléon 1er] Cet Achille si magnanime En nos jours vient d'être effacé ; Tu n'en es pas moins admirable ; Le chantre reste inimitable ; Le héros seul est surpassé, Crouzet, le Français au tombeau d'Homère.

    Par extension, nom donné aux oiseaux chanteurs. Le chantre du printemps, le rossignol.

    Espèce du genre roitelet.

  • 2Celui qui chante au lutrin dans l'église. Voix de chantre. Tous les grands chapitres ont des chantres et des chapelains pour soulager les chanoines et faire l'office en leur absence. Les cloches, dans les airs, de leurs voix argentines, Appelaient à grand bruit les chantres à matines, Boileau, Lutrin, IV. Ces cercles, partant du dernier chantre de village, s'élèvent jusqu'au trône pontifical, Chateaubriand, Génie, IV, III, 2.

    Chez les protestants, celui qui entonne et soutient le chant des psaumes.

    S. f. Religieuse qui sait le chant et les rubriques de l'office, afin de redresser les manquements qui peuvent se faire au chœur. La chantre dira tout haut ce qui regarde l'office du lendemain, Constitutions de Port-Royal, dans RICHELET.

  • 3Nom d'un dignitaire qui est le maître du chœur présidant au chant dans une église cathédrale ou collégiale et dans les chapitres. Il porte la chape et le bâton dans les fêtes solennelles et donne le ton aux autres en commençant les psaumes et les antiennes. Le chantre porte dans ses armoiries un bâton de chœur derrière l'écu pour marque de sa dignité. Le grand chantre. Le chantre de Notre-Dame. Celui qui vous rendra cette lettre est le chantre de mon église, nommé M. de Vitray, Bossuet, Lett. 138. C'est en vain que le chantre abusant d'un faux titre…, Boileau, Lutr. I.

HISTORIQUE

XVe s. Et là fut fait le divin office, aussi solennellement comme on feroit en la chapelle du pape ou du roi de France ; car à ce temps il avoit grand'foison de bons chantres, Froissart, II, III, 15.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. cantre, cantor ; du latin cantor, qui vient de canere, chanter. Dans le provençal et le vieux français, cantre est le nominatif, cantor est le régime, répondant, selon l'accent, à cántor et cantórem. C'est suivant la même analogie que se sont formés pâtre et pasteur.