« chausses », définition dans le dictionnaire Littré

chausses

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

chausses

(chô-s') s. f. plur.
  • 1Ancienne espèce de vêtement. Les chausses étaient un caleçon ; on les appelait haut-de-chausses quand elles n'atteignaient que le genou ; la partie qui continuait s'appelait bas de chausses ; le pied se nommait chausson.
  • 2Culotte, caleçon. Prendre, mettre ses chausses. Chausses de velours. Je ne trouvai pas à propos de lui faire mettre chausses bas, Sévigné, 492. C'est la première chose qu'ils font de délier leurs chausses, Sévigné, 434.

    Chausses de page, chausses courtes et plissées que portaient les pages et qu'on appelait aussi trousses. Prendre les chausses, quitter les chausses, se disait pour entrer dans les pages, cesser d'être page. Le maréchal de Bellefond totalement ridicule, parce qu'il avait négligé de mettre des rubans au bas de ses chausses de page, de sorte que c'était une vraie nudité, Sévigné, 502.

    Familièrement. N'avoir pas de chausses, être fort pauvre. Mme de Mailly était une demoiselle de Poitou qui n'avait pas de chausses, fille de St-Hermine, cousin issu de germain de Mme de Maintenon, Saint-Simon, 3, 54.

    Fig. Tirer ses chausses, détaler, s'en aller au plus vite. Et me laissez tirer mes chausses sans murmure, Molière, le Dép. I, 4. Oui, Seigneur, ce n'est point raillerie, j'en suis ce qui s'appelle disgracié ; il m'a fallu tirer mes chausses au plus vite, et jamais vous n'avez vu un emportement plus brusque que le sien, Molière, la Princ. d'Él. V, 1. La conversation finirait mal, ne l'entamons point, tirons nos chausses, Dancourt, Vacances, I, 4.

    Familièrement. Elle porte les chausses, se dit d'une femme qui est maîtresse dans la maison. Sa femme [au fils de Saumery] était une grande créature qui portait les chausses et devant qui il n'osait pas souffler, Saint-Simon, 71, 172. On dit plus souvent aujourd'hui porter la culotte ou les culottes.

    Très familièrement. Tenir quelqu'un au cul et aux chausses, le serrer de si près qu'il ne peut s'échapper, et aussi examiner de près sa conduite, en dire tout le mal qu'elle mérite. Je vous dirai franchement que l'on n'est point plus ravi que de vous tenir au cul et aux chausses, Molière, l'Avare, III, 5.

    Être après les chausses de quelqu'un, le poursuivre vivement. Ils étaient une douzaine de possédés après mes chausses, Molière, Pourc. II, 4.

    Prendre son cul pour ses chausses, se méprendre grossièrement.

    Faire dans ses chausses, avoir une grande peur.

    Il a la clef de ses chausses, se disait d'un jeune homme qui était hors d'âge de recevoir le fouet.

HISTORIQUE

XIIe s. Chauces de fer blanches come auqueton, Ronc. p. 182. Chauces de paile qui mult font à proisier, Raoul de C. 219.

XIIIe s. Quiconques est chauciers à Paris, il puet fere chauces de soie et de toile, sanz chaux [souliers] et chauçons, Liv. des mét. 139.

XIVe s. À Jehan de Saumur, cordouanier, pour avoir semelé des paires de chausses, au pris de six sous la paire, De Laborde, Émaux, 210.

XVe s. Souliers, chausses à housser, bottines, esperons, Froissart, II, III, 35. Ceux de Mortaigne n'avoient ni chausses, ni souliers au pied, Froissart, II, II, 30. Il avoit prins son pere prisonnier à ung soir comme il se vouloit aller coucher, et mené cinq lieues d'Allemaigne à pied sans chausses par un temps très froit, Commines, IV, 1.

ÉTYMOLOGIE

Wallon, chase ; namur. chause ; rouchi, cauche ; picard, cauches, keuches, chausses, bas ; norm. cauches, bas ; provenç. calsa, caussa ; catal. calsas ; espagn. calza ; portug. calças ; ital. calzo, calza ; du latin calceus, qui est devenu féminin dans les langues romanes ; cependant l'italien a calzo, et le vieux français dit quelquefois chaux, s. m. Il y avait, comme on voit à l'historique, des chausses de fer, sorte d'armure.