« chrétienté », définition dans le dictionnaire Littré

chrétienté

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Fac-simile de l'édition originale du Littré (BNF)

chrétienté

(kré-tiin-té, et non, comme disent quelques-uns, kré-tièn'-té) s. f.
  • Les peuples, les pays chrétiens. Cromwel allait ravager toute la chrétienté, Pascal, P. div. 20. Ce grand temple de la paix dans lequel toutes les nations de la chrétienté doivent entrer, Voiture, Lett. 186. Tant que je serai hors de la chrétienté [en Afrique], Voiture, ib. 40. Les villes, les provinces, les royaumes en furent remplis [de disciples de Jésus], et c'est ainsi qu'en très peu de temps, s'élevèrent de nombreuses et florissantes chrétientés, Bourdaloue, Pensées, I, p. 239.

    Fig. et populairement. Marcher sur la chrétienté, avoir ses chaussures percées.

    Dieu bénisse chrétienté, se dit quand on compare un homme à un animal, pour atténuer ou pour reprocher ce qu'il y a de désobligeant en cela.

HISTORIQUE

XIe s. Que recevez sainte crestientet, Ch. de Rol. XXXII.

XIIe s. [Que] Crestienté n'ait pas de nos mal dis, Ronc. p. 56. Et si [il] croira sainte crestienté, ib. p. 117. [Un bref] Qui la crestienté defendist ne veast, Th. le mart. 67.

XIIIe s. Il savoit bien que c'estoit la plus gentius feme de la chrestienté et la plus riche, Chr. de Rains, p. 5. Sire, vous iestes hors de la main l'archevesque quant à laie justice ; vous n'avés riens fait, se vous n'iestes hors de sa crestienté [autorité spirituelle], ib. p. 244.

XVe s. De quoi toute la chrestienté pour ce fut en grand branle, Froissart, II, II, 19. Qui sont les plus allyez princes qui soient en la chrestienté, Commines, H, 8.

XVIe s. Ils montrent bien par cela qu'ils n'ont point une seule goutte de chrestienté, Calvin, Instit. 251. Le plus beau couple de la chrestienté, Marguerite de Navarre, Nouv. X. Sachant que ou il mourroit cruellement, ou renonceroit la chrestienté, Marguerite de Navarre, ib. X.

ÉTYMOLOGIE

Génev. chrétiéneté ; provenç. chrestiantat, xristiandat ; catal. christiandat ; espagn. cristiandad ; portug. christiandade ; ital. cristianità ; du latin christianitatem, de christianus, chrétien.

SUPPLÉMENT AU DICTIONNAIRE

CHRÉTIENTÉ. Ajoutez :
2Communauté chrétienne, en un pays qui n'est pas chrétien. Les chrétientés de Sze-Chuen ont résisté à tous les efforts des lettrés et du gouvernement de la Chine, J. de Flaix, Journ. offic. 4 oct. 1875, p. 8493, 2e col. Les missions-chrétientés, ID. ib. p. 8494, 2e col. Les chrétientés sont établies dans toutes les provinces de l'empire ; elles forment de petits centres dans lesquels on trouve une église, une chapelle, quelquefois une mission, un séminaire, des écoles et un hospice, ID. ib.

REMARQUE

L'ancienne locution : Dieu bénisse la chrétienté, répond assez bien à : sauf votre respect, d'aujourd'hui. En voici un exemple de 1649 : N'en criy haro su ly [le chancelier Séguier] ; fallu qui se cachi, Dieu béni la chrétianté, reverance, dans le privé, et que tous lé seigneux du rouay le vinssien requéri tou breneux, Agreable conference de deux paysans, p. 5, dans CH. NISARD, Parisianismes, 1876, p. 88.