« corsaire », définition dans le dictionnaire Littré

corsaire

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corsaire

(kor-sê-r') s. m.
  • 1Vaisseau armé en course par des particuliers, mais avec l'autorisation du gouvernement.
  • 2S'est dit des vaisseaux équipés dans les pays barbaresques, Alger, Maroc, Tunis, et qui faisaient en tout temps la course contre les chrétiens. Un autre, mal pourvu des armes nécessaires, Fut enlevé par des corsaires, La Fontaine, Fabl. VII, 14. Voilà qu'un corsaire de Salé fond sur nous et nous aborde, Voltaire, Cand. 11.
  • 3 Adjectivement. Capitaine corsaire. C'est qu'en fait d'aventure il est fort ordinaire De voir gens pris sur mer par quelque Turc corsaire, Molière, l'Étour. IV, 1. Je ne vous dirai point combien il est dur pour une Jeune princesse d'être menée esclave à Maroc avec sa mère ; vous concevez assez tout ce que nous eûmes à souffrir dans le vaisseau corsaire, Voltaire, Cand. 11.

    Substantivement. Les hommes qui montent ces vaisseaux de course. Les corsaires eurent une belle part de prise. Et toujours avait fait Avec honneur son métier de corsaire, La Fontaine, Calendr.

  • 4 Fig. Homme dur, impitoyable par cupidité. Endurcis-toi le cœur, sois arabe, corsaire, Boileau, Sat. VIII. Mes créanciers sont des corsaires, Béranger, Ma dern. chans.
  • 5Épervier.

PROVERBES

À corsaire, corsaire et demi, c'est-à-dire envers un homme agressif, difficile, on se montre encore plus agressif, plus difficile.

Corsaires contre corsaires font rarement leurs affaires. Corsaires à corsaires, L'un l'autre s'attaquant, ne font pas leurs affaires, Régnier, Sat. XI.

SYNONYME

CORSAIRE, PIRATE. Le corsaire est muni de lettres par son gouvernement et armé seulement en temps de guerre ; pris, il est traité comme prisonnier de guerre. Le pirate n'a point de lettres de marque, attaque même en temps de paix, et, pris, est traité comme voleur.

HISTORIQUE

XVe s. Certaines gallées coursaires du roy d'Arragon nostre ennemy et adversaire estoient presque toujours sur la mer illec environ, Lettre d'abolition de Louis XI, Bibl. des Chartes, 2e série, t. III, p. 64.

XVIe s. Jason fut esleu capitaine de la grande nef d'Argo, avec commission d'aller çà et là, pour oster et chasser tous les coursaires et larrons escumans la mer, Amyot, Thésée, 23. Hommes non chalans de labourer et cultiver la terre, mais de toute ancienneté grands coursaires qui vivoient de ce qu'ils escumoient en la mer, Amyot, Cimon, 13. De corsaire à corsaire n'y prend on que barriques rompues, Cotgrave Mesmes se soubçonna on qu'il [André Doria] avoit quelque sourde intelligence avec Barberousse, comme corsaire à corsaire, Brantôme, Cap. étr. t. II, p. 45, dans LACURNE.

ÉTYMOLOGIE

Provenç. corsari ; espagn. corsario ; ital. corsare, corsale, de corsa, course, qui est provençal, espagnol et italien (voy. COURSE).